Nous vous en parlions ici il y a déjà près d’un an : Le scandale du chlordécone. Je venais d’entendre un reportage sur France-Info sur ce sujet, sorti dans la presse française dès 2007 dans une indifférence quasi générale.
Tout ce que les spécialistes craignaient s’est révélé exact. La causalité vient d’être démontrée par une étude publiée lundi en Guadeloupe et dans le Journal of Clinical Oncology. Elle confirme que le chlordécone, un perturbateur endocrinien, est responsable d’un accroissement significatif du risque de cancer de la prostate, lequel représente 50% de l’ensemble des cancers dépistés en Guadeloupe et à la Martinique. L’étude valide donc les signaux d’alerte que les autorités ont longtemps ignorés.
Les lignes qui suivent proviennent d’un article du Monde paru hier.
« D’énormes erreurs ont été commises, qui rappellent furieusement les grands enjeux de sécurité sanitaires des années 1980 et 1990: hormone de croissance, vache folle, etc. », estime le professeur William Dab, président du Conseil scientifique du Plan chlordécone en Martinique et en Guadeloupe. Interdit en métropole en 1990, le pesticide a été utilisé par dérogation en Guadeloupe et en Martinique jusqu’en 1993, alors que les Etats-Unis l’avaient proscrit depuis 1976.
« Des rapports parlementaires l’on déjà pointé: le ministère de l’agriculture n’a pas correctement traité les signaux scientifiques sur les dangers de la pollution et de l’exposition au chlordécone. Il y a eu un retard dans la prise de conscience et l’action », poursuit le professeur Dab. Les premiers plans locaux datent de 1999, et en 2004, le chlordécone a été enfin pris en compte dans le Plan national santé environnement. Finalisé en octobre 2009, le rapport du Conseil scientifique du Plan chlordécone n’a été rendu public par le gouvernement que le 17 juin avec sa mise en ligne sur le site de l’Institut de veille sanitaire (INVS).
Une contamination massive pour les six siècles à venir
La Martinique et la Guadeloupe se trouvent confrontées à une contamination massive des sols, des eaux de rivière et des sédiments par un produit toxique possédant une durée de vie très longue. « Quelque 80000 personnes habitent dans des zones où le sol est contaminé et 13000 individus absorbent chaque jour, en mangeant des légumes qu’ils cultivent, une quantité de chlordécone dépassant la valeur toxicologique de référence: 0,5µg/kg/j. Il faut aider la population à se préparer à vivre avec un problème qui n’est pas près de disparaître: la demi-vie du chlordécone dans le sol est de six siècles! » insiste M.Dab.
L’étude du docteur Multigner et de ses collègues montre donc de manière nette une augmentation du risque de cancer de la prostate chez les hommes exposés au chlordécone. Ce résultat tient beaucoup plus à la consommation de produits alimentaires contaminés qu’à la manipulation de la molécule par les ouvriers agricoles.
Source : Aux Antilles, le scandale sanitaire du chlordécone (Le Monde)
Une réaction de Roselyne Bachelot sur France 2 en 2008 : juste une question de dose !
Si j’étais Erin Brokovitch, je lui offrirais des bananes antillaises à bouffer tous les jours, pour voir à quel moment la dose correcte est atteinte. Certes, les femmes n’ont pas de prostate mais le chlordécone est plein de ressources. Ses autres effets observés chez des humains ou des animaux exposés sont : irritabilité, tremblements, troubles de la vision, céphalées, néphrotoxicité (atteinte rénale) et tumeurs du foie. Bon appétit…
Photo : un article paru dans la presse française dès 2007
Sur le blog : Le scandale du chlordécone
A lire également : tout l’historique de cette histoire sur le site de S-Eau-S
C’est affreux.
« Si j’étais Erin Brokovitch, je lui offrirais des bananes antillaises à bouffer tous les jours »
Tu m’étonnes ! Et je lui en remettrai une deuxième couche !
anti, furieuse !
Comme quoi au rayon des diabolisations,il n y a pas que la cigarette qui tue…mais là,on touche toute une politique complètement manipulatrice autour de notre assiette.A voir Lundi soir sur France 3 dans l’émission « Pièces à conviction »,ce que l’on donne à manger aux saumons…et qui fait pousser les dents de leurs voisins les cabillauds…et tout plein de vétérinaires qui donnent des antibiotiques aux cochons pour les faire grossir!!!Bref…un monde parfait!!!
Question : les bananes qui viennent des Antilles qu’on nous vend en métropole risquent-elles d’être contaminées aussi ?
Ce n’est pas « elles risquent », c’est une certitude. Elles sont toutes contaminées si elles ont été produites là-bas.
La seule chose qui nous protège relativement, en tant que consommateurs, c’est qu’on en mange une quantité dérisoire dans l’année par rapport aux Antillais qui se nourrissent tous les jours de produits de leur terre (bananes mais aussi tous les autres fruits et légumes + la viande des animaux qui ont eux-mêmes mangé de ces fruits et légumes).
Bonjour,il faudrait expliquer pourquoi et comment les agriculteurs manipulant à longueur d’année de la chlordècone, ont et auront moins de risque de cancer de la prostate que le consommateur des bananes traitées?
Ce que j’ai lu est complètement faux,c’est tout l’inverse puisque les molécules phytosanitaires sont les plus nocives par contact avec la peau,les mains des agriculteurs dans le cas présent.
Pour terminer « ma petite critique » les dires du Pr Belpomme n’ont pas été approuvé par ses pairs et il a du répondre de ses actes devant l’Assemblée Nationale.
A l’occasion de la visite de F. Hollande aux Antilles, France Info a fait une mise à jour aujourd’hui sur le drame de la chlordécone, un sujet que le chef de l’Etat va soigneusement éviter d’aborder.
Selon un médecin qui vit sur place, la quasi totalité de la population présente des signes précoces de cancer, avec une explosion de cancers de la prostate et du sein. De plus, il y a une perte généralisée de fécondité chez les habitants. Tout cela dans l’immobilisme le plus complet des agences sanitaires. de plus, le poison s’étant écoulé par les cours d’eau, c’est désormais la mer qui est contaminée : toute forme de pêche a été interdite sur une zone de 50 km2 au sud de la Guadeloupe.
La rémanence de ce pesticide interdit est de 500 à 700 ans mais il n’est pas sûr qu’il y aura encore des habitants sur l’île pour en voir la fin s’ils disparaissent tous dans les décennies qui viennent.