Après 25 ans d’instruction et de procès, la justice indienne a condamné lundi à deux ans de prison les sept anciens dirigeants locaux d’une usine de pesticides de Bhopal d’où s’était échappé en décembre 1984 un nuage de gaz toxique, faisant plus de 25.000 morts dans le pire accident de l’histoire industrielle. Par ailleurs, 100.000 personnes ont été intoxiquées et sont devenues aveugles, paralytiques ou immunodéficientes.
Les condamnés doivent aussi payer une amende de 2 500 euros. Ils devraient interjeter appel. Union Carbide India a en outre été condamnée à une amende de 10.000 dollars.
L’accusation a pointé des défauts de conception dans l’usine ainsi que des pratiques négligentes dans la maintenance, connues par la direction mais ignorées pour des raisons commerciales.
L’Américain Warren Anderson, alors PDG d’Union Carbide, figurait parmi les accusés, mais il n’a pas été nommé lors du verdict après que la cour l’eut déclaré « en fuite ». L’Inde demande en vain son extradition des Etats-Unis depuis 1993.
« Même avec ce jugement de culpabilité, que signifie deux ans de peine de prison? », s’est interrogé Sadhna Karnik, membre d’une association de victimes. « Ils vont pouvoir faire appel auprès de plus hautes juridictions ».
A l’extérieur du tribunal, certains membres d’associations de défense des droits de l’homme ont crié leur mécontentement après le verdict, le qualifiant d' »insulte » et regrettant le temps perdu pour rendre justice.
Les statistiques du gouvernement compilées après 1994 ont établi qu’au moins 100.000 personnes vivant près de l’usine étaient victimes de maladies chroniques, plus de 30.000 d’entre elles habitant dans des zones où les nappes phréatiques ont été contaminées.
L’américain Dow Chemical, qui a racheté Union Carbide en 1999, estime que les responsabilités ont été « effacées » depuis l’accord de 1989 avec le gouvernement indien pour le versement de 470 millions de dollars d’indemnisations, avec abandon de poursuites pénales.
Source : AFP
Les photos des victimes sont insoutenables. J’ai préféré n’en mettre aucune.