Avec un peu de retard, et vous comprendrez pourquoi en lisant ;-), voici le dernier courrier reçu de Jean-Gabriel. Je viens d’en prendre connaissance et je ris car pas plus tard qu’hier, je me disais qu’il allait me falloir retourner au sacré vite fait pour ralentir ma course folle.
Bonne lecture !
Bonjour,
L’atelier « runes et qi gong » de ce samedi 22 (théâtre de la danse) a été reporté à une date ultérieure
« Les 4 formes d’intuition, description et protection » sera présenté au « temps du corps » le vendredi 28 mai à 20h15. Comme d’habitude, après la discussion aura lieu le Cercle de Tambours.
La treizaine Vent du 17 au 29 mai 2010
Note préalable : pour les nouveaux lecteurs, après la lecture de plusieurs courriers (liste de tous les courriers ici), il devient possible de comprendre et de sentir vivre ce processus de connaissance. Il est d’abord issu du mode mexicain ancien auquel se sont adjointes des observations faites par Francine Rousseau (acupunctrice), par les participants aux ateliers du lundi à mon bureau et lors des séances de thérapie qui y ont lieu avec moi.
Les symboles utilisés dans ce texte sont présents sur le tarot aztèque, (voir « ateliers » sur le site transvisions.org)
Cette treizaine est contemporaine du premier temps de l’été (Fleur 1er au 17 mai).
Pour rappel :
La saison, c’est le jeu entre le Ciel et la Terre
La treizaine, c’est le système de relations entre les humains.
La saison échappe aux humains, la treizaine leur permet de s’adapter.
Cette treizaine clôture le temps Fleur (1er au 17 mai ), premier temps de l’été dans le calendrier des saisons, à savoir le printemps ou l’Est de l’été.
Le 18 mai commence donc le deuxième temps de l’été, son hiver. Herbe sèche est le représentant de l’énergie nord (hivernale ) à cultiver en cette saison. Elle est le signal des dangers pour qui pousserait le feu au maximum et oublierait la peur et l’eau des reins soigneusement cultivés en hiver. Il court du 18 mai au 5 juin.
Caractéristiques de l’ Herbe sèche :
Carte de foi et de désir, d’endurance et de mystère de la capacité à survivre, d’unification poussée à l’extrême, elle s‘accompagne souvent de fanatisme et de dictature ou de révolte à leur encontre.
Mai, dans l’histoire de France des derniers siècles, est l’époque des soulèvements et des révolutions démarrant en mai. En mai, fais ce qu’il te plait et si tu n’as rien d’autre à faire, défais donc ce qui te déplait…. !
Le peuple lutte contre qui l’écrase et chacun réclame plus d’air, d’espace, de nourriture en termes extrêmes accompagnés de passion dévorante de tout ou rien. C’est « ne perdons pas de temps à tergiverser, c’est oui ou c’est non, on y va ou on n’y va pas ! » On se sent bousculé. On bouscule radicalement.
Avec l’herbe sèche, on est simultanément dans le chaud et le froid. Elle entraîne sensation d’étouffement, de manque d’espace et de temps. La difficulté sera d’éviter s’investir à fond pour ne pas disparaître totalement, ne pas se laisser écraser par ses propres créations. Comment se concentrer sans se faire absorber, exiger sans s’écraser ni écraser autrui, proposer sans étouffer ?
Encore une fois, il faut y aller sinon on étouffe, mais en protégeant la part la plus intime de soi pour éviter l’absorption. Risque ou crainte de se retrouver dans un monde étroit, rigide et sans fluidité. Sensations bizarres où l’on a l’impression d’être dans l’envahissant et le rétrécissant en même temps, où feu et appétit peuvent être décuplés.
Il n’y a pas de dialogue avec l’herbe sèche. On est au mieux dans les rituels (destinés à favoriser le retour de la pluie pour que l’herbe reverdisse !!!). Sèche et flamboyante, l’herbe sèche peut tenter de faire passer en force, mais elle sera sans force intime durable, car déjà carbonisée ou asséchée. Tout à coup, tout retombe.
Pour éviter l’épuisement, plutôt que de s’investir dans un grand chantier, se mettre à faire des milliers de petites choses. (attention : on a du mal à faire le lien entre les différents éléments). Pour résister à la dispersion nécessaire à l’accompagnement de l’été, il faudra beaucoup de courage d’endurance et de foi ( tout est accéléré).
Avec Herbe sèche, on manque d’eau, c’est dire que la mémoire va faire défaut ou étouffer ! Attention au risque de refaire les mêmes choses « explosantes » vite, sans réfléchir et se retrouver respiration bloquée. Il est important de modifier sa trajectoire très rapidement, de faire preuve de sagesse, de retenir son feu. Nous sommes en été donc pendant la saison du Cœur en médecine chinoise où le feu est omniprésent.
Le manque, sur tous les plans, va se faire sentir. Négociateurs publics ou privés, soyez prudents. Dans « Herbe sèche », on sent une puissante énergie de vie en latence, prête à repartir au … FEU !!!
Dans le Yi jing, herbe sèche correspond à l’hexagramme 8 l’union, c’est le regroupement des forces autour d’un point central. C’est aussi l’eau sur la terre. L’eau qui en la réagrégeant lui rend sa souplesse et sa fertilité.
« le yi jing par lui même »
, Pierre FaureTels ces minces filets qui présagent la rivière, Herbe sèche peut reverdir. Alors évitons, tel un jardinier fou, de tirer sur les brins d’herbe pour les faire pousser plus vite, en amour ou au travail.
C’est en travaillant sur l’énergie du Coeur que vindicte et inquiétude seront désamorcées. Avec sa magie, l’Herbe sèche rend tout renouveau possible. Dans l’ordre des treizaines, elle est une traversée du désert, après Pluie et juste avant Serpent, symbole de synthèse et de fécondité.
Caractéristiques du Vent :
Dans les saisons, il représente le sud du monde du nord, soit l’été de l’hiver et s’étale du 12 au 31 janvier . Dernier temps de l’hiver, il est donc son excès.
C’est le monde des carrefours où l’on s’intéresse moins aux actions qu’aux inactions, au pouvoir du non-agir, au lâcher prise. Peu de chair dans le monde du nord où le mental prime. Si l’on choisit de ne pas agir, il est bon tout de même de réfléchir à ce que cette attitude comporte comme excès : un bon moment pour rendre concrète l’expression, devenue slogan, « lâcher prise ». Où et qui était la prise? Y en avait t’il même une ?
Avec le Vent, figure aérienne de Quetzalcoatl, notre corps mental se dématérialise un peu plus, devenant dangereusement ouvert… à tous vents : on n’arrive pas à suivre ce qui se passe. Un processus nécessaire saisonnier est en action, ne pas s’opposer à sa nature en évitant de se mettre en péril est difficile.
On peut profiter de cette énergie guérisseuse. Le Vent ne connaît ni temps, ni espace, il accompagne la renaissance de la fécondité. On ne connaît pas son origine, ni sa destination. Il fait bouger et transforme.
Dernier moment avant de passer au corps énergétique qui primera comme axe organisateur de la vie végétale et humaine au printemps, le Vent aide à donner un grand coup de balai. Poison (le vent tourmente les êtres et la nature) mais aussi remède, le Vent a un fort potentiel de croissance. Il réveille et stimule, c’est le temps du nettoyage.
Toutes les stagnations sont traquées, le Vent est un constant remodeleur. Cela c’est dans l’ordre des saisons, mais quand il intervient dans celui des treizaines, bien plus lié à la vie consciente, vers quoi nous emmène t’il ?
Le Vent imprévisible est aussi insaisissable : c’est le souffle même de la vie d’origine inconnue. Il est à l’image du souffle divin qui va partout et transforme tout. Il est porteur d’une force de mystère qui fait de lui un grand transformateur : métamorphose et dédoublement.
Avec le Vent, l’objet du désir disparaît, on ne sait plus ce que l’on voulait. Toutes les frontières de notre identité intime vont s’évanouir avec le Vent.
Le contact avec les autres va se rétablir. Nos plus grands ennemis deviendront l’impatience qui nous fait rejeter le temps nécessaire à rétablir ce niveau de communication et la peur pour qui ne le souhaite pas.
On est dans un univers mystérieux, insaisissable où tous avancent masqués. On veut bien engager des processus, mais le Vent chamboule tout au fur et à mesure: les feuilles mortes balayées reviennent , transportées par le vent si elles n’ont pas été jetées.
Temps fort donc pour nettoyer, balayer, travailler sur le corrompu (hexagramme 18 du Yi jing). Prendre le Vent comme quelque chose qui nous stimule, nous réveille, nous guide et nous élève.
Il est indispensable de se préoccuper de ses racines afin que la sève monte et alimente . Travailler son assise pour ne pas être embarqué. L’émotionnel peut pointer le bout de son nez car la saison du Cœur ( la joie en médecine chinoise) est là ; et avec le Vent, tout peut être chamboulé : la tête, comme la cime de l’arbre, risque de tourner.
Calmer alors ses ardeurs et sa jubilation sinon on peut partir tout seul et perdre pied. En médecine chinoise, le Foie, mère du Cœur, est très sensible au vent, il peut facilement attiser un feu, ne plus alimenter correctement son fils, le Cœur, ou bien faire vaciller ce dernier en ébranlant le Shen qui s’y loge.
Mais si les fondations sont stables, le Vent permettra de rassembler ce qui est fécond : à nous de rassembler soigneusement les éléments dans le monde matériel pour l’action en cours.
Cette période peut être très riche car la connaissance est au cœur du processus et le Vent va au-delà du monde que nous connaissons. C’est le pouvoir de la pensée, le mystère, l’impalpable, l’invisible. Tout cela prêt au grand nettoyage si on sait se tenir sur ses gardes, si on retire son masque, si on se garde bien d’être vantard et de parler en l’air.
Pour créer et éviter le chaos, ne pas chercher à produire seul, mais avancer dans la création. Prendre en main ce dont on a hérité tout au long du printemps et l’assainir pour lui donner une vigueur et une forme nouvelles.
Attention à ne pas tout carboniser et soi avec!!!! (avec le Vent !)
Le Vent va balayer les Herbes sèches et araser le sol. On va étouffer, face contre terre. Et si l’on veut être vent soi-même pour dénouer les conflits, ou pousser à changer la vie, tous aux abris!
La plus petite étincelle, sous l’action du Vent, peut entraîner un incendie de forêt : faire doublement attention à ses paroles et à ses actes. Tout ce qu’on va vivre va être très fort et rapide. Tout monte ou descend. Un conseil, se protéger, car ça va partir de tous les côtés. Explosion de l’Herbe sèche transportée aux quatre directions par le Vent. Là encore, appétit décuplé, tyrannie, despotisme, désir de renaissance impatient. C’est une force de manque, et l’énergie en attente surgit brusquement, c’est la force de l’instinct de survie attisé par le Vent.
Herbe sèche et Vent nous parlent de mystères. Ça va repartir mais d’où et vers quoi, vers qui ? On se sent au bord de la mort, mais on va survivre (l’herbe reverdit à chaque printemps !). Désirer éclaircir les mystères de la naissance, les secrets de famille et ceux des partenaires fera partie du jeu de la vie à cette époque de l’année, à tort ou à raison.
Pendant cette treizaine Vent, nettoyer les brindilles en tempérant ses ardeurs afin de ne pas s’enflammer.
Mais attention, si les bases ne sont pas assez solides, le Vent entraîne la division et agrandit les failles. Soyons prudents quant à notre désir de soigner autrui ou d’être soigné radicalement. La traversée du désert pendant l’Herbe sèche doit rendre précautionneux. Développer les forces de fécondité en épousant les forces du monde naturel, ses forces naturelles.
Bon moment alors pour créer et retrouver nos fondamentaux, notre propre nature en travaillant notre volonté et notre capacité à rester centré, Herbe sèche et Vent nous permettent d’accéder à des guérisons intéressantes. Ne pas oublier que l’Herbe sèche a un pouvoir de guérison magique ( ne veut pas dire radical) que les aztèques utilisaient dans leurs amulettes. Le Vent, lui, grand nettoyeur, apporte un coup de balai.
L’Herbe sèche, sous ses airs de feu, de tyrannie et d’embrasement, peut trouver des alliés avec le Vent pour accentuer le nettoyage et la guérison (mais attention à nos bases et à notre attitude!!!!!) : plus de cœur et moins d’exigences fanatiques et sans nuances. Les personnes portées à l’hygiène, aux formes plus qu’au fond, à la pureté, aux solutions radicales, peuvent être très destructrices pour autrui à cette époque de l’année
celle de l’homme de peu faible comme l’herbe qui, sous le vent se plie et se couche. »
Confucius
Cordialement.
J.G.Foucaud
anti
dernière photo sample portable, les autres sont de moi
Encore une fois, il est bluffant de noter la multitudes d’échos entre le courrier du moment et les évènements dont on a été témoin ou partie prenante.
En ce qui me concerne, j’en ai vu par rapport à mon travail où ces dernières semaines ont été, en effet, marquées par l’herbe sèche et le vent, tel que cela est décrit : attention de ne pas (se laisser) étouffer, voire s’étouffer soi-même et laissons s’envoler ce qui n’est que diversions sans importance.
Et j’en ai vu d’autres aussi dans certaines petites péripéties récentes du monde qui nous touche de près ou de loin et qui ne sont qu’herbe sèche au vent.