Rappel :
Comme je l’explique dans l’article Les Éditions du Puits de Roulle : Quand le lien se fait livre l’auto-édition représente une réelle alternative aux difficultés à trouver un éditeur digne de ce nom (comprendre : qui ne soit pas un éditeur à compte d’auteur). Cette méthode qui consiste à s’éditer soi-même existe depuis longtemps et se développe de plus en plus. Puisque je propose aux auteurs de les aider à réaliser leur propre ouvrage avec Antipode – Les Editions du Puits de Roulle, la branche des Éditions du Puits de Roulle destinée aux particuliers, je vous invite à suivre l’actualité de l’auto-édition un peu partout en France et dans les pays francophones et/ou à connaître un peu mieux ces auteurs qui ont choisi l’auto-édition, ce que cette expérience leur a apporté etc. D’ailleurs, tous vos témoignages seront les bienvenus dans cette rubrique si vous le souhaitez !
Après les deux premiers numéros de L’actu de l’auto-édition consacrés à Françoise Buisson et Stephen Clarke, voici venu le numéro 3, consacré à Marc-Edouard Nabe un auteur au parcours particulier s’il en est car il a rejeté l’édition à compte d’éditeur pour s’auto-éditer !
Marc-Edouard Nabe c’est qui d’abord ? Vous ne connaissez pas ? Pourtant vous connaissez sûrement son papa :
On peut lire une biographie complète de l’auteur à scandale et controversé sur son site ou encore sur Wikipédia.
Marc-Edouard Nabe et les avantages de l’auto-édition, un article de Guillaume Champeau pour Numerama.com
Les artistes de la musique avaient été les premiers à s’y mettre. Grâce à Internet, les musiciens n’ont plus besoin de passer avec succès le filtre des maisons de disques et des programmations radios pour se faire connaître, ni celui des rayons des disquaires pour vendre leurs productions. A l’image de Radiohead, Nine Inch Nails, et des milliers d’artistes connus ou méconnus, les écrivains eux-aussi peuvent désormais s’affranchir de l’intermédiaire, incontournable hier, qu’est l’éditeur de livres.
C’est le cas de Marc-Edouard Nabe, qui a lancé sa propre plateforme en ligne où l’on peut commander ses nouveaux ouvrages, et une grande partie des anciens dont il a pu récupérer les droits. Faute de contrat écrit signé, il a pu retrouver les droits sur 22 livres édités par les Éditions du Rocher, et de quelques autres livres édités par Gallimard ou Dilettante, qu’il propose désormais sur son site. A l’avenir, tous ses romans seront édités par lui-même, ce qui n’est pas un maigre avantage comme le résume le magazine littéraire BSC News :
Après 27 livres édités aussi bien chez Gallimard qu’au Dilettante, il auto-publie son nouveau roman : L’homme qui arrêta d’écrire. Un véritable pied de nez à l’édition. « J’en ai assez des éditeurs blasés et des libraires boycotteurs. J’ai imprimé mille exemplaires de ce roman, qu’on ne pourra commander que sur ma plate-forme, marcedouardnabe.com. Au lieu de toucher mes misérables 10 % de droits d’auteur, désormais, je serai à 70 % », déclare-t-il à l’Express (30% à l’imprimeur). Nabe se fout de vendre beaucoup : avec le peu qu’il vendra, il gagnera plus qu’en touchant un maigre avaloir (les tarifs sont à la baisse) et 10 % de droits d’auteurs. Le prix de son roman de sept cent pages ? 28 euros – à peu près le prix du dernier Sollers. Vous pouvez le commander dès le 14 janvier, vous recevrez un livre avec une couverture élégante, papier bouffant, sans code-barres ni mention du prix.
Ça n’est pas pour autant la mort de l’éditeur. Il faudra « simplement » qu’ils travaillent beaucoup plus leur image de marque avec une ligne éditoriale affirmée par un accompagnement poussé dans l’écriture (un rôle trop souvent oublié de l’éditeur), et par un travail de promotion efficace du livre. Il faudra aussi, sans doute, qu’ils rehaussent la part du prix du livre reversée aux auteurs. A défaut, leur mort sera aussi lente que certaine.
Ce qu’il ressort de ce témoignage
A la lecture de cet article plusieurs choses ressortent. D’une part, la question du pourcentage du droit d’auteur généralement autour de 10% ce qui semble peu. D’autre part, à mon avis, il néglige quand même le rôle de l’éditeur (ici, des éditeurs) qui ont fait leur travail en faisant connaître l’auteur qui, maintenant, peut s’auto-éditer et diffuser puisqu’il est connu.
Ce qu’il manque ici, c’est de rappeler que le plus gros de la part du prix d’un livre revient à la diffusion, à la distribution et au détaillant. L’éditeur touche à peine plus que l’auteur :
Par ailleurs, je suis étonnée que le livre vendu ne porte pas mention ni du prix de vente, ni du code barre et ISBN car ceci limite la diffusion de l’ouvrage à la vente par correspondance pour rester dans le cadre de la loi.
L’actu de l’auto-édition n°1 : Françoise Buisson
L’actu de l’auto-édition n°2 : Stephen Clarke
Nos participations aux parutions d’auteurs auto-édités (par ordre alphabétique) :
Anna Galore
– Les Trois perles de Domérat
– Là où tu es
– Le Miroir noir
– La Crypte au Palimpseste
– Le Drap de Soie du Temps
– La Femme Primordiale
à venir : Le septième livre, la veuve obscure, les Neuf Sœurs
eMma MessanA
illustrations Clovis Perrin
– Le régime de Replète la Sorcière (en cours de réalisation)
Rosaria Mora-Laconi
– Poésies en Liberté
– Vent de folie, vent de poésie
– Au fil des mots
Georges-André Quiniou
– Le Paradise
Nos auteurs édités :
Kathy Dauthuille : Les voyageurs au sang d’or, sortie le 1er mai 2010.
Pour plus d’informations sur ces ouvrages, cliquez ici.
anti
Cette série d’articles sur l’auto-édition est absolument passionnante !
Un régal de découvrir que bien des auteurs, quels que soient leur positionnement et leur motivation, se passent très bien du circuit verrouillé de l’édition classique pour faire connaître et diffuser leurs écrits, même si, dans ce cas précis, l’auteur profite comme tu le fais remarquer de sa notoriété précédente obtenue grâce à ses ex-éditeurs.
Vivement la suite !
Oui, très enrichissant de découvrir toutes ces voies différentes. Comme le mentionne bien l’article,Les artistes de la musique avaient été les premiers à se mettre à l’auto-production, je pense notamment à Manu Chao : http://www.manuchao.net/news/amazigh-kateb/index.php
Je pense que cette voie de l’auto-édition/production – tout comme les petits labels/éditeurs d’ailleurs –
est vraiment une chance pour que vive un patrimoine culturel varié indépendamment des gros éditeurs/producteurs qui nous servent la soupe.
anti
J’ai fait la connaissance de Marcel Zanini à Marseille il y a juste 50 ans… Il était déjà un brillant saxophoniste et clarinettiste de jazz, improvisant de petits concerts sur le Vieux-Port avec quelques complices et le soir il jouait au « Caveau » de la rue Venture. Nous sommes devenus amis, puis il a connu le succès avec « Tu veux ou tu veux pas »… Je l’ai revu une fois dans un avion entre Paris et Marseille, puis nous nous sommes perdus de vue…
Son fils, Marc-Edouard Nabe, ne cesse d’alimenter la controverse… « Une lueur d’espoir », faisant l’apologie de Ben Laden dans les attentats du 11 septembre, a laissé des traces… Son « auto-édition » est sans doute liée au fait qu’il doit avoir du mal à se faire éditer par un vrai Editeur…
Dans la famille Zanini, je préfère le père, et de loin…
Oui, je n’ai moi non plus aucune sympathie pour ce genre de personnes (je parle du fils, bien sûr). Mais je ne pense pas que cela soit la raison pour laquelle il est passé à l’auto-édition. Je crois au contraire que ses postures provocatrices lui permettraient de trouver des éditeurs sans difficulté.
« Dans la famille Zanini, je préfère le père, et de loin… »
Avis partagé avec toi. En revanche, quand tu dis « Son « auto-édition » est sans doute liée au fait qu’il doit avoir du mal à se faire éditer par un vrai Éditeur… » je ne pense pas, non. Il était édité chez plusieurs gros éditeurs et il a dû se battre juridiquement pour récupérer ses droits sur ses publications.
anti
Je ne partage pas les avis de anna, ramses et anti qui prennent le père, mais pas le fils…
Je connais un peu, le père, le fils… et le petit-fils !
Les deux premiers sont des artistes, des vrais.
J’écoute Marcel Zanini, je lis Marc-Edouard Nabe.
Pour le troisième, on se sait pas encore.
Voici ce qu’écrivait Nabe dans son journal intime de l’année de naissance de son fils (1990) :
« Je serais fils de mon fils comme j’ai été père de mon père. Ça me semble logique. Coincé entre son père et son fils, on ne peut que se transformer en Saint-Esprit ! Chacun doit avoir une part (1/3) de cette paternité filiale et spirituelle dont les hommes ont besoin sur trois générations pour réunir la trinité parfaite.
Et qui sait si un artiste n’a pas besoin d’avoir un fils pour s’achever, à tous les sens du terme ? Alexandre finira de tuer le Alain de Marcel pour mieux achever Marc-Edouard. »
Pour en revenir au sujet de l’auto-édition (Nabe, lui, revendique l’anti-édition), je suis d’accord avec anti.
L’édition « standard », Nabe l’a trop bien connue (27 livres publiés en 20 ans).
L’histoire de ses relations avec les éditeurs – pas toujours aussi négatives que vous pourriez le penser – est transparente, il suffit (!) de lire les quatre mille pages de son journal intime (1983-1990).
Encore une citation, toujours dans le dernier volume du journal intime, Kamikaze :
» […] » Vous trouverez un autre éditeur pour ce projet-là, pour le reste, je souhaite que vous ne vous engagiez pas ailleurs. Je vous rappellerai, soyez-en sûr. Au revoir. »
Et voilà ! Au suivant ! Bien sûr, je vais remonter sur mon cheval tout de suite, le temps de me relever quand même après ce K.-O… Je suis solide, très solide comme un cow-boy criblé de flèches, mais ils ne sont pas censés le savoir, ces monstres de lâcheté et de goujaterie inconséquente. Jamais je n’aurais cru traverser une si mauvaise passe. Pire qu’il y a quatre ans ! L’après-Bonheur est plus difficile à vivre que l’après-Régal… Je n’arrête pas d’être refusé partout depuis deux mois. Ça fait beaucoup. Comme si j’étais impubliable. En fait, ils ne peuvent pas me soutenir parce qu’ils sont tous mouillés jusqu’au cou. Tous dans les médias de la putasserie absolue. Ils ont tellement honte qu’ils deviennent agressifs. Mais je persisterai ! Jusqu’au bout ! Je ferai le tour de toutes les maisons d’édition ! Plus ils me demanderont un roman tranquille, plus je leur donnerai du pamphlet. »
Pugnace, Nabe a fini par le faire tout-seul, son roman-pas-tranquille…
Au passage, au dos du-dit bouquin, le 28 en gros chiffres fluo, d’accord c’est un numéro de série, mais c’est aussi le prix de vente 😉
Il a un ISBN, une mention de copyright, what else?
Merci à vous pour ce point de vue tout à fait intéressant puisqu’il apporte une lumière différente sur le personnage.
Concernant le sujet premier de la note (l’auto-édition), nous sommes en effet tous d’accord.
(j’ai inclus votre correctif dans votre commentaire initial pour en faciliter la lecture)
Une vidéo intéressante qui prône l’auto-édition plutôt que le compte d’auteur :
http://www.dailymotion.com/video/xcavvj_des-conseils-aux-auteurs_news
tilly,
« Je n’arrête pas d’être refusé partout depuis deux mois. » C’est lui qui le dit…
Si vous croisez Marcel, donnez-lui, s’il-vous-plaît, le bonjour de Daniel. Merci.
Je ne connais Marc-Edouard que par ses écrits et ses quelques passages agressifs à la Télé après « Une lueur d’espoir »… Depuis, on semble l’éviter là aussi…
@ramses : Père et fils jouent ensemble un mardi par mois au Petit Journal St Michel depuis les années 80 (!), je vais souvent les y écouter (accompagnés de Patrice Authier, Michel Denis, Patrick Bacqueville, Pierre Maingourd). Nabe joue la guitare rythmique. Ce mois-ci, j’irai. Ce sera mardi soir prochain.
Alors je saluerai Marcel… de la part de Daniel-du-Caveau-à-Marseille !
Je croise aussi là-bas le touchant Pierre Etaix, ami de Marcel.
Vous dites ne connaître Marc-Edouard que par ses écrits…
Qu’avez-vous pensé de L’Âme de Billie Holiday, de Nuage (sur Django), de La Marseillaise (sur Albert Ayler), du Bonheur, de Visage de Turc en pleurs, d’Alain Zannini… ? Il n’y a pas dans toutes ces pages l’ombre de la moindre provocation pamphlétaire, loin de là.
Je n’ai pas lu Lueur d’Espoir, et peut-être que je ne le lirai pas, en tout cas pas tant qu’il me restera d’autres opus de Nabe à lire.
Je vais encore placer une citation du Journal intime (la dernière, promis), c’est ce que François Rilhac (pianiste de Marcel, disparu jeune) disait de Nabe :
« – Tu es comme Monk. On croyait qu’il faisait des accords faux alors que c’étaient des harmonies inouïes. On croit que tu dis des conneries, et puis c’est la vérité. »
Son exaltation est parfois difficile à supporter à la télé, j’en conviens avec vous. Mais à lire le Journal intime, on comprend mieux l’urgence qu’il y a eu toujours eu pour Nabe à « livrer son travail ». Il vit pour la littérature et par elle seulement, ça peut paraître anachronique de nos jours, mais quelque part c’est admirable.
tilly,
Merci de ces précisions et heureux d’apprendre que vous êtes, comme moi, amateur de jazz. Ah Monk ! Un sommet ! J’ai pratiquement tous ses enregistrements, réédités en CD.
Pour être franc, je n’ai pas lu ces ouvrages de Nabe que vous citez et je me suis sans doute fondé un a-priori avec ce récit sur le 11 septembre… C’est quand même bien ce livre très controversé qui l’a fait connaître du grand public. Je vais tâcher de rectifier mon opinion !
Pierre Etaix est aussi une personnalité hors du commun… Miss you avait fait une note sur lui, à propos de son dernier ouvrage savoureux « Etaix et textes » et aussi, bien sûr, de ses déboires sur les droits d’auteur de ses films… Je ne la retrouve pas, mais elle vous en donnera sûrement le lien…
Tous nos articles sur Pierre Etaix peuvent être retrouvés en cliquant le lien suivant :
http://www.annagaloreleblog.com/archives/tag/pierre%20etaix.html
De façon générale, vous pouvez retrouver la plupart des articles du blog en cliquant sur « Tous les tags du blog » dans la colonne de droite, en haut de la page.
merci ramses et anna, je suis vraiment ravie d’avoir trouvé de nouveaux « amis » 😉
je m’abonne bien sûr aussi sec au flux rss du blog !
de mon côté, c’est un peu pareil… mes articles sur Pierre Etaix (dont un compte rendu d’audience de son procès en vue de récupérer les droits sur ses films) sont ici :
http://tillybayardrichard.typepad.com/le_blogue_de_tilly/etaix/
et mes billets sur les Zannini père et fils sont ici :
http://tillybayardrichard.typepad.com/le_blogue_de_tilly/nabe/
bonne journée !
Soyez la bienvenue parmi nous 🙂
Merci beaucoup Moni pour le lien qui est vraiment intéressant ! Et puis, en parlant du lien qui se fait livre, il est vraiment agréable de lire vos échanges avec Tilly.
anti
Moi aussi, je crois fortement en l’avenir de l’auto-édition en France… car la vague a déjà fait ses preuves ailleurs au USA par exemple ! En effet, tout le monde écrit ou aimerait le faire. Le monde évolue à grande vitesse et le nombre des livres auto-édités a dépassé en 2009, le nombre de livres édités…! et si le XXIème siècle littéraire se jouait sur le web ? et si l’auto-édition était la voie la plus intéressante à long terme ? car il ne faut pas oublier que c’est une vrai démocratisation de l’écriture ! justement, des personnes qui écrivent, il y en a beaucoup…et les maisons d’éditions qui ont pignon sur rue et qui croient avoir le monopole des publications, depuis 150 ans préfèrent parfois publier des auteurs connus pour ne pas couler ! tout est basé sur le business ! Nous les petits écrivains de l’ombre, on n’a du mal encore à se faire connaître mais je crois que le XXIème siècle va marquer ce tournant, cette révolution comme cela s’est déroulée pour la musique ! les maisons d’éditions classiques peuvent très bien publier des navets, ça peut arriver car tout est relatif, tout jugement à l’instant T aussi est à relativiser ! et puisque nous discutons enfin objectivement, ….. il se peut qu’en auto-édition, il existe aussi des livres magnifiques ! Non ? d’après vous ce n’est pas possible ? Rien n’est impossible ! et puis un succès c’est tellement aléatoire, tu peux avoir du succès aujourd’hui et être oublier demain…. l’inverse est aussi vrai…. car tout évolue… rien n’est figé…Voilà ! j’ai sciemment fait le choix de me faire publier par thebookedition.com… pour le moment c’est le plus avantageux et très moderne : C’est écologique (les livres ne sont publiés qu’à la commande), pas de contraintes d’achat (il n’y a pas de stockage de livres, ni d’obligation d’achat pour l’auteur), et intéressant (tu peux avoir jusqu’à 20 à 25 pour 100 du prix de vente au lieu de 1 à 3 pour 100 chez les éditeurs classiques). par ailleurs, le livre devient visible et accessible via le net…. et cela permet de faire une diffusion qui dépasse les frontières….
Je crois foncièrement en l’avenir de l’auto-édition en France ! le seul problème c’est que les gens ne sont pas tous encore prêts et synchronisés pour acheter les choses via le web ! Moi je préfère largement l’auto-édition et ne compte pas changer d’avis ! j’incite même tous ceux qui écrivent à se renseigner et à se faire connaître…Je crois que les lecteurs humanistes et ouverts savent où se situent les vrais talents ! L’auto-édition est la voie royale ! Elle présente de nombreux avantages ! j’ai publié un roman Année 2043 :Autopsie D’une Mémoire et un livre d’histoire culturel : Nosy-Bé : Âme malgache, Coeur français chez thebookedition et je suis très ravi…