C’est une nouvelle inquiétante mais lorsque je l’ai apprise, je l’ai trouvée plutôt drôle au début : une île, que se disputaient l’Inde et le Bangladesh depuis quarante ans, vient de disparaître en raison de la montée des eaux dans le golfe du Bengale, éteignant ainsi toute revendication. Le réchauffement climatique pour résoudre les conflits territoriaux, voilà qui ne manque pas d’originalité.
On ne sait pas trop quand l’île a été engloutie. C’est un chercheur du Centre d’études océanographiques de l’université Jadavpur de Calcutta qui s’en est aperçu en analysant des images satellite. Il a ensuite vérifié auprès de pêcheurs qu’il n’y avait effectivement plus rien, là où se tenait New Moore (selon l’Inde) ou South Talpatti (selon le Bangladesh). L’île n’était pourtant pas anodine : elle faisant 3,5 km de long sur 3 km de large – la même surface que Porquerolles. Fort heureusement, il ne s’y trouvait aucune installation permanente.
Là où ça ne fait plus du tout sourire, c’est que ce genre de problème est de plus en plus fréquent dans la région. Dans cette partie du monde, le réchauffement climatique est particulièrement marqué, avec une augmentation de la température de 0,4° par an C’est dix fois plus que l’augmentation moyenne sur le reste du globe.
Le Gange vient se jeter là, en compagnie du Brahmapoutre. Il forme le plus grand delta du monde – cent fois la surface de la Camargue. Le ruissellement croissant des glaciers himalayens qui les alimentent, conjugué à la montée des eaux, érode les côtes de façon catastrophique et menace directement au moins dix îles de plus. Une autre a disparu en 1996. Sur celle-là vivaient 4000 personnes qui se sont retrouvées sans rien.
Les côtes touristiques de Pondichéry et de Kerala reculent de plusieurs mètres par an (28 mètres en 10 ans dans la baie de Periya Kalapet). Au niveau des villages, des murs et des petits ports sont érigés pour retenir l’envahissement des eaux. Mais cela ne fait qu’empirer l’érosion de part et d’autre des digues. L’Institut national d’océanographie de Goa a annoncé que 23% des côtes de l’Inde sont en recul. Dans la province de Kerala, l’une des plus touchées, les deux tiers des 560 km de côtes sont désormais constituées de murs de pierre au lieu des plages de sables qui attiraient les touristes il y a encore quelques années.
Le Bangladesh est l’une des régions du globe les plus densément peuplées et les plus menacées par le réchauffement climatique. Environ vingt millions de personnes sont concernées et devront peut-être trouver ailleurs où vivre d’ici 2050.
L’île engloutie n’est malheureusement qu’un début.
Photos :
1- Le delta du Gange, vue satellite. A gauche l’Inde, à droite le Bangladesh (Wikipedia)
2- La côte indienne érodée (Al Jazeera)
J’aime beaucoup les deux pays qui se disputent un joujou et la nature qui tranche : ce ne sera pour personne bande de nazes !
Quelle connerie ces questions de territoires ! Enfin… Des terres qui apparaissent puis disparaissent, ça fait partie de la vie, au même titre que la mort ce qui est inquiétant c’est la vitesse à laquelle les évènements arrivent et les choses dingues genre 22° à Clermont-Ferrand hier… scandaleux !
Aucun rapport, mais ce matin, j’entendais dans un reportage que je ne sais quoi représentait tant de fois la superficie de Paris, tu parles d’une info toi, c’est quoi la superficie de Paris ? Ben c’est 105 km² soit environ
la superficie de Walt Disney World Resort (122 km² ) 😉
anti, y’a plus d’île, mais heureusement, il y a L.
Au sujet de cette ile, voici ce que nous apprend Wikipedia ( http://en.wikipedia.org/wiki/South_Talpatti_Island ) : l’ile est apparue pour la première fois en 1970 après un cyclone ( donc après le début du RCA ), ses dimensions etaient au maximum de 100m x 100m (et non pas 3.500m x3.000m), soit 1 hectare, et son altitude n’a jamais dépassé 2 mètres.
En gros, c’était un banc de sable instable dans le golfe alluvionnaire du Bengale, dont le principal intérêt était qe pouvoir faire bouger la frontière entre l’Inde et le Bengladesh, si la souveraineté avait été reconnue à l’un ou l’autre.
Par ailleurs, la hausse du niveau des océans donnés par les stations indiennes ( voir India dans le tableau au lien de la NOAA qui suit) _comme je suis fénéant, je n’ai pas localisé les stations par rapport à l’île disparue, donc par charité je prendrai la hausse la plus forte_ donne 0,45 pieds par 100 ans , soit environ 16cm/100 ans, soit depuis 1974 (36ans), environ 6cm de hausse du niveau de la mer. Je ne suis pas très fort en physique, mais je n’ai jamais vu une hausse de 6cm d’un liquide engloutir un type de 2 mètres qui se tient debout lorsqu’à l’origine il avait juste la plante des pieds mouillés.
Ceci dit, il y a quand même une très mauvaise nouvelle : Une hausse de température de 0,4°C par an ça fait Quand même 4°C tout les dix ans, soit plus de 12°C depuis 1974, et pour donner une autre échelle : 40°C par siècle.
Je crois que je sais ou se trouvent les portes de l’enfer (et il semblerait qu’elles soient grandes ouverte !)
A bientôt.
Grosnounours
Oups, j’ai oublié le second lien : http://tidesandcurrents.noaa.gov/sltrends/MSL_global_trendtablefc.html (un peu avant le milieu du tableau pour les station indiennes )
Grosnounours
Merci pour ces utiles précisions. Une hausse de 0,4° par an est, en effet, totalement irréaliste sauf si cela ne concerne que les dix ou quinze dernières années quelle qu’en soit la raison.
Juste une correction : le RCA (réchauffement climatique anthropique, autrement dit pour ceux qui ne sont pas familiers de ce jargon, réchauffement causé par l’activité humaine) débute en même temps que l’ère industrielle, c’est à dire il y a environ 150 ans – bien avant 1970, donc.