Jason Carter est un guitariste pas comme les autres. Pour commencer, il conçoit lui-même ses instruments, comme cette splendide guitare-harpe avec laquelle il a joué dans 70 pays, dont certains parmi les plus fermés du globe tels que la Corée du Nord, l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, l’Iran, le Pakistan et l’Ouzbékistan. Il a aussi vécu deux ans à Dubai et cinq ans en Finlande.

Il a enregistré depuis 1993 quatorze albums, à travers lesquels il a côtoyé des artistes tels que Barbara Streisand, John Paul Jones de Led Zeppelin, Ozzy Ozbourne et Trey Gunn de King Crimson, sans parler de géants mythiques de la guitare tels que Joe Satriani, Steve Morse, Allan Holdsworth, John Scofield, Jeff Beck et Larry Coryell. Il a aussi réalisé des musiques pour Discovery Channel, Sci-fi Channel, l’ONU et quelques autres.

« J’ai voyagé de par le monde, et je connais l’odeur des bas-fonds de Mumbai, j’ai essuyé la poussière de mes yeux à Kaboul, je me suis assis dans le métro de Pyongyang, j’ai prié dans les mosquées de Boukhara et dans les églises de Maputo, j’ai joué de la guitare dans des bars à téquila au Mexique, discuté avec des extrémistes au Pakistan, je me suis tenu debout au milieu des plaines de Laponie et j’ai serré la main de princes et de leaders mondiaux. »

Depuis peu, Jason habite à Nîmes. Il se trouve qu’il parle couramment finnois et que, par ce biais, il a fait la connaissance d’Ilona qui nous en a parlé. Gwlad ayant très envie de reprendre la guitare, Anti l’a contacté et, en toute simplicité, il est passé hier soir à la maison. Il avait avec lui sa nouvelle guitare, un instrument extraordinaire qu’il a fait réaliser par un luthier suisse.

Non seulement elle est démontable sans que cela ne la désaccorde (les connaisseurs apprécieront la prouesse technologique) mais elle a en tout 18 cordes : six sur un manche de guitare normale, six basses sur un manche sans barres de fret (comme une contrebasse) et six très aigües, qui peuvent être soit jouées aux doigts, soit être utilisées comme des cordes sympathiques, comme sur un sitar (cela veut dire qu’elles rentrent en résonance naturelle avec les autres cordes jouées pour créer un son plus riche).

Jason est quelqu’un d’immédiatement agréable, qui parle de son art avec passion et précision à la fois. Il a été initié à la musique en commençant par la guitare classique, puis a fait plusieurs années de flamenco, puis du rock et, de fil en aiguille, il s’est créé son propre style, fusion de toutes ces composantes.

Comme il a encore un français élémentaire, nous avons tenu l’essentiel de notre discussion en anglais et il a donné un premier aperçu de cours à Gwlad, médusée de voir un prof pareil. Il faut dire qu’auparavant, il nous a joué l’une de ses compositions – magnifique – où il utilisait à fond les possibilités de son instrument incroyable. Les cordes sont accordées en « open tune », ce qui lui permet de faire des enchaînements d’accords très fluides aux sonorités riches et belles.

Jason commencera à donner des cours à Gwlad en mai. Il ne peut pas plus tôt, il est en tournée pendant tous le mois d’avril. Pour les personnes qui habitent dans la région, il donnera un concert vendredi soir à Clarensac avec l’un de ses élèves particulièrement doué. Nous y serons.

Très belle journée à vous

La première ligne de photos provient du site de Jason : Jason Carter Happy Guitar/World Guitar