Je viens de lire un article réjouissant (même si on peut discuter le moyen) sur Rue89 (Merci Anna de me l’avoir signalé) : Le site d’un éditeur piraté (par des stagiaires en colère ? ).
Réjouissant car il met en lumière les manières douteuses de gestion d’un entreprise d’un éditeur à compte d’auteur (voir les procédés de ces éditeurs sur le site de Marc Autret, que ce soit Manuscrit, Bénévent, Thélès, etc.) et parce qu’il soulève des commentaires passionnants dans lesquels j’ai appris plein de choses :
Le site Web des éditions Le Manuscrit a été victime d’un piratage révélé sur Twitter. Vengeance de stagiaires ? « Il faut être souple pour bien se faire enculer »… Telle a été, pendant plusieurs dizaines de minutes, la devise de la maison d’édition parisienne Le Manuscrit.
Les deux premiers paragraphes du texte présentant cet éditeur en ligne, sur sa page « Qui sommes nous ? », ont été augmentés des passages que nous vous présentons en gras :
« Breveté en 2001, notre système unique associe une diffusion électronique des textes à un service d’édition à la demande disponible dans le monde entier, ce qui nous permet de sous payer des stagiaires et de mal rémunérer nos auteurs en bref, Nicolas Philippe et Martine Lemalet sont les Thénardier de l’édition, si on peut appeler ça de l’édition.
Grâce à un savoir-faire qui permet une souplesse totale d’édition et oui il faut être souple pour bien se faire enculer, nos titres sont toujours disponibles sous un double format : livre imprimé et fichier numérique fournis avec vaseline, et peuvent être édités à volonté, à l’unité ou en grand nombre tout dépend de votre capacité à absorber les chocs. »
C’est sur Twitter que la nouvelle du piratage a fuité, publiée un peu avant 17 heures par Koreus, du site Web éponyme :
« Quand un stagiaire se venge, lire les deux premiers paragraphes http://www.manuscrit.com/Whoweare.aspx »
Jointe par téléphone, la responsable presse de l’éditeur a dit ne pas savoir qui a fait le coup mais confirme que la Maison accueille « forcément » des stagiaires.
Informé par Rue89 que la nouvelle du piratage a été publiée sur Twitter, le standard de la maison d’édition explose d’un rire nerveux. Depuis, les passages ajoutés ont été supprimés.
► Addendum le 10/2 à 11h30. Jointe par téléphone, Martine Lemalet, la directrice générale de la Maison d’édition, explique ne pas croire à un piratage en interne :
« Je n’ai pas pensé une seconde que ça pouvait venir de notre équipe. C’est pas très subtil, ça peut être n’importe qui. Une enquête est en cours et nous allons renforcé la sécurité du site ».
Commentaires sur cette société :
« La responsable de presse »… Drôle de titre pour une stagiaire. A part Martine Lemalet et Nicolas Philippe, et peut-être une pauvre comptable employée, traumatisée d’être là si elle y est encore aujourd’hui, Le Manuscrit.com ne compte que des stagiaires, au moins une dizaine, voir une quinzaine lors des pics d’affluence…
Écoles de commerce, de communication, d’informatique, facultés de lettres, d’histoire… envoyez vos étudiants au Manuscrit, ils seront directement promu responsable commercial, ou cheftaine du comité de lecture (et quelle sélection dans les ouvrages !) Le rêve…
Rappelez demain la fameuse « responsable de presse » pour savoir ce qu’il en est de la grande enquête lancée en interne (tous les employés, pardon, les stagiaires, doivent être, à l’heure qu’il est, séquestrés, dans l’attente d’une dénonciation..) et surtout ne vous étonnez pas si elle a changé de prénom…
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Excellent ! Les éditions Le Manuscrit sont connues dans le monde de l’édition pour leur tour de force qui consiste qui consiste à la fois à arnaquer leurs auteurs (maison à compte d’auteur: il faut payer pour être édité, et étant donné que les éditions ne sont quasiment pas diffusées -en dehors de leur site internet merdique-, ils n’ont aucune de chance de vendre jamais le moindre bouquin), et à fonctionner avec trois employés et quinze stagiaires à 400 euros par mois.
Une copine qui y a bossé m’avait raconté qu’en plus l’ambiance est terrifiante, tout le monde travail dans un seul grand open space et Martine terrorise tout le monde. Au final les nombreux stagiaires en ressortent dépressifs au dernier degré, et en plus avoir « Le Manuscrit » sur son CV te plombe définitivement si tu veux bosser dans l’édition après…. Que du bonheur.
Un grand coup de chapeau au stagiaire « responsable communication nouveaux médias – webmestre » qui a craqué et qui a balancé ca !
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C’est ça le vrai pb de cette situation : les stagiaires voudraient donc être payés pour exploiter davantage les auteurs. C’est donc un manif de porte-flingues de la mafia !
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Commentaires sur les stagiaires :
C’est normal qu’il y ait des stagiaires qui se rebiffent. C’est de l’exploitation moderne que les politiques ont réussi à faire accepter.
Une petite vidéo montrant bien cette exploitation: http://www.dailymotion.com/video/x424mh_sm-tv-1-les-gentils-stagiaires
« Estimés à 800 000 par an, les stages s’éloignent continuellement de leur fonction censément formatrice au monde du travail et pédagogique. Deux types de stages sont distingués, le « photocopie », bien connu, où l’on ne fait rien d’intéressant, et l’« emploi déguisé », où le stage économise l’emploi d’un vrai salarié. » http://www.autrefutur.org/spip.php?article214
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Le projet de Villepin auquel vous faites allusion était de toute façon contraire aux accords et conventions de l’OIT dont la France est signataire. Ils étaient donc inapplicables, à moins que vous ne considériez que les traités signés sous l’égide de l’ONU n’ont aucune valeur.
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Par contre, c’est une faute grave. Et la porte est la seule destination qui attend le ou les auteurs avec la possibilité d’une plainte au civil pour des dommages et intérêts pour insultes et diffamation. Mais c’est en rien un acte pénal. C’est répréhensible mais il faut raison garder ou c’est le juge en dernier ressort qui fera justement revenir la raison. Et là, j’en connais qui pourraient déchanter et trouver la justice désagréable.
D’autant que l’utilisation de stagiaires pour des travaux qui sortent de l’aspect pédagogique est clairement répréhensible aussi. Même si la loi n’est pas, c’est le moins qu’on puisse dire appliquée. Rappel : on est dans des cas de travail dissimulé puisque les charges que coûtent un stagiaire n’ont rien à voir avec celles d’un employé. Et la preuve n’est pas très compliquée à fournir.
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J’ai moi aussi été stagiaire l’année dernière et me suis bien fais enflé à bosser deux mois sans être payé, pas même la bouffe ou les transports (2h aller retour) en pleine période de crise !
Ca leur fait pas de mal à ces entreprises qui se permettent d’exploiter et/ou de pourrir des stagiaires sous prétexte qu’ils n’ont pas assez d’expérience (faut bien débuter à un moment ou un autre!)
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Une petite dédicace à l’entreprise PubOs à villeneuve d’ascq (Nord) pour exploiter chaque année non seulement des stagiaires (400 € pour deux mois de travail à la chaine à raison de 40h par semaine) mais aussi ses ouvriers… Une entreprise qui survie grâce aux stagiaires, aux salaires non déclarés, aux personnels non déclaré, aux produits toxiques qu’on doit respirer, à des températures de 60°C et aux menaces de résiliation de contrats perpetuelles !!!
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Il y a quelques années, j’ai bossé en externe dans une boite où il devait y avoir 90% de stagiaires et d’emplois précaires.
Y compris, le DRH, en stage de fin d’études…
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Commentaires sur la technique :
Avec les 13 envies d’Anna qui sortent officiellement dimanche, un peu de révisions :
« « Il faut être souple pour bien se faire enculer »… »
LOL, on n’est pas tous des gymnastes …. et pourtant…
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Pour se faire enculer, il n’y a pas besoin d’être souple, il suffit d’avoir un trou du c.. ! Rassurez vous, nous en sommes tous équipés !
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C’est marrant (et triste à la fois) cette obsession de la vaseline chez les hétéros. Donc, rappelons une fois de plus que la sodomie doit se pratiquer avec une capote et du gel lubrifié à base d’eau. Et que par ailleurs, c’est quelque chose d’agréable. Donc peu approprié pour décrire une situation que l’on voudrait déplaisante. Merci de renouveler vos références 🙂
anti
Excellent et jouissif !!!
A force de vouloir rouler tout le monde dans la farine, les voilà avec le nez bien poudré.
Anti,
Sait reprendre à César ce qui appartient à Sodome…
Je n’ai pas pu résister…
anti
Quand jepense que mon Flo a failli être embauché dans ce genre d' »entreprise »…
Argh !!! Ouf ! Il n’est pas passé loin !
anti
Excellent ce buzz, ça fera peut-être réfléchir certains « éditeurs » bidons, et certains auteurs qui éviteront ainsi de se faire arnaquer.
Quant au problème des stages ce n’est malheureusement pas nouveau. En sortant de l’Ecole du Louvre j’avais droit en 1994 à deux ans de conventions de stages. J’en ai fait 7, 6 dans des musées et 1 chez un commissaire priseur. Un seul stage m’a appris quelque chose, dans le ravissant musée Albert Khan de Boulogne. « Café photocopie » dans 3 cas, et dans deux cas on m’a fait faire le travail d’un employé lambda en me suggérant « d’éviter d’avoir des idées ». Les deux fois on m’a gentiment remerciée à la fin de l’efficacité de mon travail, en m’expliquant qu’il n’y avait aucune ouverture vers l’embauche puisque « nous avons des listes d’attente de stagiaires qui seront ravis de faire le travail gratuitement ». C’était il y a 15 ans…
« Je n’ai pas pensé une seconde que ça pouvait venir de notre équipe. C’est pas très subtil, ça peut être n’importe qui. Une enquête est en cours et nous allons renforcé la sécurité du site ».
… Mince, une éditrice qui fait des fautes d’orthographe même dans la saisie de ses paroles.. faut faire vachement gaffe…
» Merci de renouveler vos références
Bah.. les élargir tout au plus 😉
ok je sors.
Sinon, oui, c’était instructif, vraiment.
Le problème de tous aujourd’hui c’est d’abord il me semble, l’économie. Qui achète le livre ? De quoi vit un écrivain aujourd’hui ? l’éditeur ?
Combien coûte un repas aujourd’hui ? Un livre ?
Avec combien vivez-vous ? (oui je sais c’est pas romantique..)
Mais bon.. lire et écrire c’était il y a encore peu « pour » les élites ».. ça le redevient, non ? (Si j’ai dit une bêtise on m’explique, hein, pas taper..)
Très intéressant tout ça ! A reprendre dans la note qui va bien 😉
anti, à suivre…
bonjour, je suis auteur aux Editions Manuscrit depuis 2004 ( cinq livres parus à ce jour) et je ne compte pas changer. Journaliste à la retraite je sais que le monde de l’édition est un monde de requins. On adresse des manuscrits à des maisons qui ont pignon sur rue et ceux-ci ne sont jamais lus… quand elles daignent répondre on reçoit des lettres types nous demandant d’aller nous faire voir ailleurs !!! Les Editions Le Manuscrit offrent la possibilité à des auteurs (débutants ou non) de publier. Personnellement je n’ai jamais avancé le moindre centime. Partout ailleurs c’est à compte d’auteur (pas à Manuscrit) et il faut cracher des sommes importantes pour des tirages qui ne sont jamais amortis. Où est l’arnaque ? C’est le procès de l’édition en entier qu’il faudrait faire. Vous avez lu Dan Brown ? Ou c’est écrit avec les coudes… où c’est mal traduit. La vente vient de la pub et les gens suivent comme des moutons. Les émissions littéraires à la télé ? Derrière il y a l’argent des éditeurs (parfois éditeurs eux-mêmes). Par ailleurs, les jeunes stagiaires à qui j’ai eu à faire ont toujours fait le maximum même si parfois, et c’est normal, je ne suis pas forcement content sur tout.
Cher monsieur,
Je crois qu’il est bon d’avoir des avis de tous les côtés. Le vôtre équilibre bien celui de Benedicte (lisible ici : http://lefantastiquenet.forumactif.com/t1578-avis-et-mise-en-garde-les-editions-le-manuscrit )
Message Sujet : Re : [avis et mise en garde] les éditions le manuscrit Sam 8 Mar à 12:56
J’ai eu des informations sur lemanuscrit. A EVITER !!!!! Voici ce qu’on m’en a dit, quelqu’un qui a testé.
CITATION :
Ne se fier qu’au contrat type téléchargeable chez eux : le contrat lie l’auteur et l’éditeur jusqu’à 70 ans après le décès du premier et non pour 18 mois renouvelables comme annoncé sur la plaquette (pub mensongère, quoi).
L’éditeur garde les droits d’auteurs jusqu’à 150€ ! Ce qui est une clause abusive.
Le droit de préférence (trois ouvrages « dans le genre du texte visé par les présentes ») n’est pas valide (il faut que le contrat spécifie clairement le genre sans se référer à l’ouvrage publié).
Le comité de lecture se borne surtout à éliminer les textes qui pourraient tomber sous le coup de la loi ou ceux qui sont tellement mal écrits que vraiment le cas est désespéré. Il faut un coup de bol monstrueux pour qu’un manuscrit accroche quelqu’un chez l’éditeur. Et même si on est étiqueté « auteur à suivre », ça ne mène pas loin (j’en connais un qui actuellement se débat pour faire rompre son contrat, tellement ils se sont foutus de sa gueule).
Il n’y a aucun travail éditorial sérieux, puisque l’auteur doit tout faire, de A à Z. Et céder ses droits « ad vitam aeternam » dans ces conditions, c’est flinguer son bouquin. Sauf si on n’a que celui-là à défendre et qu’on est prêt à tout…
Je crois que c’est clair. Faites passer le message. Smile
anti
Amazon permet aux auteurs de s’enregistrer et de publier avec des droits payés de 70 %. J’ai publié l’un de mes romans et il est classé depuis 2 semaines dans le top 100.
Haik Nader
http://www.amazon.fr/gp/product/B0072NX1AO
Merci pour votre attention.