Acheter des terres pour les protéger, nous en avons souvent parlé dans des notes précédentes, en particulier sur les Kogis. Le site des Observateurs raconte la belle histoire de Douglas Tompkins, un milliardaire soucieux d’environnement qui, depuis près de vingt ans, met une partie de sa fortune au service de la préservation de terres menacées. Il a acheté à ce jour 8 000 km2 de terres au Chili et en Argentine, ce qui fait de lui le plus gros propriétaire terrien particulier du monde.
La fortune de Tompkins provient de deux marques qu’il a lancées, deux énormes succès planétaires : The North Face et Esprit. Il s’est toujours senti concerné par la préservation d’espaces en danger.
C’est ainsi qu’il a aidé le gouvernement argentin à acquérir une zone côtière qu’il souhaitait préserver, le transformant en parc national (le parc de Monte León, photo ci-contre). Avec son épouse Kris, ils ont défini dans quelles conditions ces territoires devraient être protégés.
Tout ne s’est pas passé sans heurts. Certains ont vu sur son action une tentative de vouloir expulser les habitants de ces terres, d’empêcher la construction d’une autoroute qui devait les traverser ou de prendre le contrôle de ressources en eau. Mais ces critiques sont venues exclusivement de politiciens qui n’arrivaient pas à croire qu’un étranger acquiert autant de terres sans chercher à en tirer un profit. Les environnementalistes, par contre, considèrent son action avec la plus grande bienveillance.
Dans les faits, Tompkins utilise ses titres de propriété sur les réserves naturelles qu’il a créées pour en limiter l’accès à un tout petit nombre de visiteurs (9 000 par an dans le parc Pumalin, en Patagonie), voire à les fermer totalement pour ne pas mettre l’environnement en danger, comme c’est le cas depuis mai 2008 aux alentours du volcan Chaiten après son éruption.
Tompkins a fait des émules, à commencer par l’actuel président du Chili, Sebastian Pinera, qui a acquis il y a plusieurs années une surface de 1 800 km2 sur l’île de Chiloe pour en faire un parc protégé, sur le même modèle que celui de Pumalin.
Le plus beau est à venir. Plus de 500 initiatives analogues ont suivi, venant de particuliers bien moins fortunés ou de communautés, la plupart pour des surfaces de l’ordre de 1 km2. Il s’agit d’un mouvement spontané, non organisé, sans aucune subvention gouvernementale.
Claudia Sepulveda Luque, environnementaliste chilienne, parle de tout cela sur le site des Observateurs et conclut son article par ces mots : « La préservation de l’environnement est devenue un sujet central au Chili : une enquête nationale récente montre que 80 % des Chiliens considèrent que le nouveau gouvernement devrait gérer en priorité les problèmes environnementaux. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, 58 % pensent que la préservation de l’environnement est fondamentale, même si à court terme elle doit affecter l’emploi ou les investissements étrangers. »
Source : L’homme qui voulait acheter l’Amérique du Sud (Les Observateurs)
Photos : Pumalin (Sam Beebe/ Ecotrust), Monte León au coucher du soleil (Ricardo La Piettra), Kris et Douglas Tompkins (Sam Beebe/ Ecotrust)
Merci Anna de relayer ce genre d’initiatives que j’aime beaucoup et qui conforte cette impression de communauté humaine qui se dessine de plus en plus.
C’est bien, vraiment bien.
anti
Je suis d’accord avec toi anti. Certains hommes prennent la chose au sérieux. C’est un début, en espérant que nos gouvernements se déniaisent.