Amis du rock, sachez qu’il existe un blog très chouette qui s’appelle Radio Libre.
Voici un des articles très sympa qu’on peut y trouver : Rock around the books (Tome II) par Mathusalem, publié dans Chroniques du Crétacé 😉
Haaa si les « Instits » (encore en vie?) qui me supportèrent me voyaient…
Eux qui passèrent plusieurs années de leur existence à exprimer un certain désarroi face à mon manque d’application scolaire… ils en arriveraient presque à penser qu’il ne faut jamais désespérer.
Parce que, figurez vous que, cette semaine, j’ai lu intégralement un dictionnaire.
Car il s’agit bien d’un dictionnaire (s’il en était besoin,la couverture achèvera de vous convaincre) dont nous avons fortuitement, au hasard d’un commentaire d’article, découvert l’existence.
Comme quoi le destin fait parfois bien les choses.
Ici, aux « Chroniques », on s’est déjà attaché, depuis quelques mois, à vous concocter des reportages à forte tendance « Historico-Musico-Livresque »… Mais de là à prétendre émettre une quelconque critique littéraire…
N’est pas Pivot qui veut.
Cet avis provenant d’un pur néophyte en la matière vous semblera donc probablement subjectif, naïf, trop personnel… Hé bien tant pis, j’assume.
Comme tout dictionnaire qui se respecte, il en « jette » un peu au départ. Il s’agit malgré tout d’une petite brique respectable de quelque 500 pages.
Mais dès la lettre « A » et pour peu qu’on s’intéresse aux histoires de phénomènes culturels, on se surprend à dévorer, entrée après entrée, lettre après lettre, les péripéties et anecdotes ayant trait à ceux qui usèrent leur plume, leur Olivetti ainsi que leur santé mentale parfois, afin de sortir de l’anonymat, le plus souvent avec talent et passion, quelque obscur artisan empoigneur de plectre ou autres baguettes de tambour.
C’est là où réside justement un des intérêts majeurs du livre, je m’attendais à des anecdotes référentielles sur des auteurs a priori peu concernés par le Rock, et bien qu’il y en ait quelques uns (Villon versus Rap, pertinent parallélisme!) je me retrouve face à un annuaire consacré assez largement aux « Rock-critiques ».
Et là, il y a lieu de se rendre à l’évidence, tous ces Lester Banks, ces Yves Adrien ont posé les jalons d’un genre littéraire à part entière, sortant du canevas simpliste de la description mélodique pour exploser (rédactionnellement parlant s’entend) en créant de multiples styles éditorialistes ainsi qu’en s’impliquant à fond dans leur époque avec ceci de paradoxal qu’il y avait plus de fougue dans l’article que dans l’oeuvre discographique initialement traitée.
Lorsque j’y re-songe, c’est vrai que nous attendions nos revues en grande partie pour nous délecter des jongleries phraséologiques de nos scribes favoris. La subversion, l’inventivité, l’insolence, l’arrogance n’étaient désormais plus l’apanage exclusif des agités du podium.
Etait-ce un bien ? Etait-ce un mal ?
Les critiques se mettaient en scène.
C’était comme ça.
Je me souviens très bien d’ailleurs des papiers iconoclastes d’un Piero Kenrol, d’un Gilles (Je conchie Queen !) Verlant ou d’un Bert Bertrand au moins autant (plus ?) attendus que les disques qu’ils nous proposaient.
Mais, à l’inverse de cet article, ce livre n’en profite pas pour se vautrer dans une forme de nostalgie passéiste, il évoque aussi les publications telles X Roads, Uncut, Vox Pop, Vice Magazine, Technikart… (sans oublier le vétéran Rock & Folk!), dignes représentants (impertinents à divers degrés), des multiples tendances de la presse rock actuelle.
Ceci dit, ce dictionnaire ne traite pas non plus que de journalisme, loin s’en faut, un gros pan de l’oeuvre est aussi dédié aux auteurs à forte connotation « rockenrollesque » (Bukowski, Burroughs, Thompson, Trocchi…) ainsi que, last but not least, aux musiciens (Lenny Kaye, Leonard Cohen, Woody Guthrie…).
Deux choses me paraissent frappantes à la lecture de l’ouvrage.
En premier lieu, j’ose à peine imaginer le titanesque boulot que représente l’élaboration d’un tel ouvrage. Cela force le respect.
En second lieu, il me parait utile de noter l’objectivité, la rigueur quasi scientifique (tout en préservant un caractère fluide et agréable à la lecture) avec laquelle les nombreux sujets furent abordés. Avec aussi, parfois, malgré tout, un soupçon de parti pris, une pincée bienvenue de sarcasme (l’évocation cocasse des qualités journalistiques comparées d’un Hunter S. Thompson et d’un Alain Duhamel).
Ne connaissant que trop bien la propension qu’a le rock à déclencher des envolées lyriques souvent douteuses, cette rigueur alliée de souplesse force l’admiration.
Certes Denis Roulleau s’étend un peu plus volontiers sur la presse francophone, bien que les New Musical Express, Rolling Stones, Melody Maker (chauvinisme suprême, même notre bon vieux More est cité !) fassent aussi l’objet de longs articles très approfondis…
Mais il ne faut y voir, me semble-t-il, aucun esprit de clocher, notre « Rock Culture » ayant été modelée plus par Best que par Creem.
Et puis la découverte de la vie parfois tumultueuse de ces auteurs fournit un prétexte à se replonger dans les coulisses de la contre-culture en général et du rock en particulier.
Somme toute, le piège qui consistait à s’enliser dans une quelconque « cérébralisation intellectualisante » a été évité avec brio.
A ce sujet, il est amusant de constater à quel point Français et Belges vécurent différemment, à une certaine époque, le phénomène rock, pour des raisons, me semble-t-il, nettement plus politiques que culturelles…
Nous, Belges, étions, par exemple et dans une large mesure, plus réceptifs en matière de rock au côté festif qu’au côté « poète maudit ».
(Mais il s’agit ici d’un tout autre débat qui nécessiterait à lui seul un article indigeste à tendance socio-historique… Si ça vous dit… Plus tard…).
Ce dictionnaire est donc un « aide-mémoire » à recommander chaudement. A titre historique pour les curieux. A titre sentimental aussi, pour tous ceux qui reçurent en pleine poire, telles des gifles vivifiantes, les années 60, 70 et 80, avant que les téléchargements et le Web ne tarissent les stylos et ne fassent se craqueler le ruban des machines.
A tous ceux donc qui ressentirent le rock en le lisant bien avant de l’entendre (non pas par prétention littéraire, mais simplement par absence d’autres supports médiatiques).
Mais de ça aussi, nous avons déjà parlé dans ces chroniques.
Chez moi, au pied de mon ordinateur, il y a un disque dur sur lequel j’ai patiemment stocké quasi un demi-siècle de musiques, d’images, numérisant à tout va K7, 33T, 45T… Ne manquaient à mon travail d’A.O.C. (archiviste obsessionnel compulsif) que des références littéraires.
Grâce à ce livre, par ailleurs aussi volumineux que mon disque dur, c’est chose faite…
Merci Monsieur Roulleau.
Bonjour Chez Vous
Une note rédigée par Mathusalem (ses autres notes : Je tire ma révérence, Guitare basse et kimono, Rock around the books).
anti
Waow ! I feel good ! Ca a l’air tout à fait passionnant, tout ça. En tout cas, je suis très exactement et sans aucun doute le public cible pour avoir vécu, parfois de très près, toutes les péripéties et évolutions de ce domaine majeur de la musique qu’est le Rock.
Let there be rock !
Anna, for those about to rock we salute you