Le festival Étonnants Voyageurs devait organiser en Haïti un festival du 14 au 17 janvier 2010. Il a été évidemment annulé en raison du terrible tremblement de terre ayant eu lieu.
En hommage à Georges Anglade et son épouse morts à Port-au-Prince ce 13 janvier 2010 :
Photo Nico
Je pars pour un voyage que nous ne ferons pas
Dans l’entrée ma valise humait le vent du large
En elle bien rangés linge, cadeaux et livres
Écoutaient sagement les pulsations du cœur
Qui partait vous rejoindre
Et vous nous attendiez
Comme la nappe sans un pli attend la fête
Où tinteront les verres de nos aînés rieurs
Mais la terre a tremblé
La terre s’est ouverte, des cisailles d’acier
Ont libéré le tigre qui dormait sous la roche
Son grognement de fauve a réveillé vos peurs
En soixante secondes le temps s’est effondré
Dans le fracas de l’ombre
Sa ruée de malheurs
Vos maisons dévastées
En soixante secondes
Sa huée de douleurs
Vos proches démembrés
La terre qui vous mange comme on mange la terre
Sous nos yeux sidérés des femmes et des enfants
Implorent le secours
Anéanti
On meurt à Port-au-Prince et l’on pleure à Paris
Port-au-Prince, treize janvier de l’an de casse
Deux mille dix
Pétionville, Cité-Soleil, Champ-de-Mars où les tap-taps sont détruits
Delmas, nuit d’effroi, dans l’entre chien et loup
Des morts et de la vie
Quand les ondes s’emparent de la transe vaudou
Votre île sous le vent promise à la déroute
Dans la baie de Jacmel où lézarde la route
D’une amitié conquise sur les terres arables
La maison du poète dévale à grand fracas
La pente du désastre
Et je suis là, valise en main
De l’autre côté de la mer, dans l’incendie des dépêches
Parti pour un voyage que je ne ferai pas
Sous la toile, d’autres que moi fouillent déjà
Les décombres de l’info
Émmelie, où êtes-vous, Gary et Marinio ?
Longues heures d’angoisse
Tellurique
Des gravats du silence nous retirons des noms
– Lolo, James et Dany, Kettly, Lyonel et Frank –
Comme des nourrissons soudain sauvés des eaux
Quand tant d’autres se noient aux portes de la terre
Mais nous sommes si loin
Dans le Bas-Peu de Choses de l’entraide
Par les rues dévastées de la compassion
Désarmés, incertains
Inaptes à soulager vos peines
Nous supplions les dieux de vous garder en vie
Nous implorons le vautour du malheur
D’interrompre son vol de colline en colline
Notre mère, bogue terrestre, viens reprendre l’enfant
Jeté sans retenue sur le parvis du monde
Concède-lui le temps de la douceur humaine
Le temps de l’eau, du pain et des fruits pour chacun
Mère terrestre, toi qui connais la lente érosion des jours par la nuit
Ne nous bouscule pas
Laisse nous rêver des séismes de la tendresse
Et fais monter le chant de mansuétude
Au plus haut de l’échelle trémière
Pour que naisse l’espoir de ton ventre meurtri.
Bruno DOUCEY
Des nouvelles de Haïti via le site Etonnants Voyageurs.
anti
Poignant… Quelle tristesse et quels mots magnifiques…
La photo de Nico est renversante et parfaitement choisie : une goutte d’eau, belle et fragile, en chute libre pendant encore une fraction de seconde avant de s’abîmer à jamais dans le néant… La vie…
Je sais qu’il est difficile de s’investir partout où la misère règne, mais une pensée, une prière, un geste quel qu’il soit participe de la solidarité entre les humains.
Je vais mettre un lien chez moi vers ces mots magnifiques de Bruno Doucey et cette goutte de Nico.
Que Haïti retrouve vite la paix et le courage.
Merci les Anna Galore, chez vous il n’y a jamais la moindre faute de goût.
Bonne fin de week-end.
eMmA
« Anna Galore, chez vous il n’y a jamais la moindre faute de goût. »
Ben si… j’en connais une qui a essayait de me faire croire que son Nutella « Bio » était super bon -.- non mais franchement.. un Nutella bio.. si c’est pas une faute de goût ça… Ahlala.. Enfin bon je lui pardonne elle fait des super gâteaux au chocolat.
Au fur et à mesure que nous parviennent les images de la désolation, on mesure l’étendue des dégâts, la détresse de ces pauvres survivants en quête d’un peu d’eau et de nourriture, dormant au milieu des cadavres… Un sentiment d’injustice et d’impuissance… De relativité aussi… Que sont nos petites misères, comparées à un si grand malheur ? Une révolte aussi, que Dieu, dans son infinie bonté, puisse permettre un tel massacre d’innocents…
C’est une tragédie qui serre le coeur. Les secours sont actuellement impuissants et ne peuvent même pas être acheminés vers Port-au-Prince. Haïti est l’un des pays les plus pauvres au monde et on l’ a royalement ignoré jusqu’à présent. Puisse les choses changer.
« Que sont nos petites misères, comparées à un si grand malheur ? »
Je pensais la même chose en voyant le documentaire sur les Indiens Kogis tout à l’heure.
« Haïti est l’un des pays les plus pauvres au monde et on l’ a royalement ignoré jusqu’à présent. Puisse les choses changer. »
Tu as tout à fai raison Valentine. Du coup, je viens de créer un tag « Haiti » pour mieux faire ressortir les notes en lien avec ce pays par les émeutes des années dernières, mais surtout par des livres, des photos, des auteurs, des festivals.
anti
« Je sais qu’il est difficile de s’investir partout où la misère règne, mais une pensée, une prière, un geste quel qu’il soit participe de la solidarité entre les humains. »
Elle est très belle ta prière eMma.
http://emmacollages.over-blog.com/article-la-goutte-43137775.html
anti
« Parce qu’il n’est pas possible de rester sur ces images de destruction. Parce nous avons décidé avec Lyonel Trouillot et Dany Laferrière de transporter ce que nous devions faire à Port-au Prince à Saint-Malo, du 22 au 24 mai prochains », peut-on lire sur le site internet du festival.
Très belle initiative !
anti