Vietnam, Laos, Cambodge. Haiphong. Grand port dans le nord du Vietnam. Pourquoi ces trois pays ? Parce qu’hier, grâce à Facebook et à ma sœurette mignonette, après avoir eu le plaisir de lire un mot de Puce, une amie d’enfance, j’ai aussi retrouvé un autre ami d’adolescence, vietnamien, Thanh Binh.
On s’est rencontré au collège en 1988, il y a un peu plus de 20 ans. Sa maman faisait le catéchèse au collège ! Lui, il était réfugié politique, rescapé des boat people. Le premier vietnamien du nord même, à obtenir ce statut.
Orphelin de père, il était parti de Haiphong tout jeune, tout seul, son frère avec qui il devait s’enfuir ayant raté le bateau pour la troisième fois, sa sœur et sa mère étant restées sur place… De ce voyage, il parle peut. Il dit la peur, la trop longue durée du voyage l’angoisse des requins, seule chose contre laquelle il n’aurait pu lutter si le bateau avait sombré et la joie de voir les dauphins autour de l’embarcation, ces mammifères étant la plus grande protection contre les requins.
Ainsi, tout jeune ado, il est arrivé à Hong-Kong dans un des nombreux camps de réfugiés. Là-bas, il s’est débrouillé comme il a pu pour améliorer son quotidien. Il a appris à parler anglais aussi, chose impensable au Vietnam !
Ensuite, il a fallu choisir un pays d’accueil, pour lui se fut la France. Pourquoi ? Parce que les femmes sont belles ! Quand il m’a raconté ça, j’étais morte de rire, mais à quoi pense-t-on quand on est jeune, seul, sans famille, à mille lieues de chez soi sinon à se trouver une jolie femme soi-même ? « Dans le film qui présentait ton pays, les femmes portaient des chapeaux et étaient souriantes … »
Après le boat people, vint un nouveau départ vers l’inconnu : La France !
C’était pour lui la première fois qu’il prenait l’avion. Hong-Kong via je ne sais plus quel pays puis Paris et l’arrivée sous la neige. C’était la première fois de sa vie qu’il voyait la neige et il était en sandales… La France froide, grise, et les femmes pas si souriantes que ça en hiver, ne portant pas de chapeaux et souvent, trop souvent, vêtues de couleurs sombres.
Voilà notre réfugié pris sous la coupe de l’Ofpra qui lui a trouvé une famille d’accueil en Bretagne. D’ailleurs, c’est drôle. Une fois qu’il était à Paris après plusieurs années en France quelqu’un lui dit : « Toi, t’es pas d’ici » Lui : « Ben, ça se voit non ? » « Non, c’est que tu as l’accent breton. »
Donc voilà Binh en France et il ne parle qu’anglais. Sa maman d’accueil est aussi professeur d’anglais, ça aide. Quand je lui ai demandé comment il avait appris le français en si peu de temps, il m’a répondu : « Ben, j’ai recopié le dictionnaire pardi ! Vous, les français, vous ne savez vraiment pas vous débrouiller ! » Jamais de problème avec lui, mais comment en avoir quand on a déjà un tel vécu ?
Et de fait, force fut de constater qu’avec lui comme ami, j’ai beaucoup, beaucoup, appris non seulement à me débrouiller mais aussi de la philosophie bouddhiste dont il ne disait rien sinon que c’était une simple tradition familiale mais qu’il exprimait à chaque instant. Une des choses qui m’a le plus frappée, c’est le sens de l’hospitalité, celui de la solidarité aussi et une sorte de lucidité salutaire dans le sens où elle évite toute déception : « Ne fais jamais confiance à personne d’autre qu’à toi-même ». Binh, si tu me lis, tu vas te dire « N’importe quoi, j’ai jamais dit ça ! » et pourtant, que t’as dit ton maître de Kung Fu à Hong Kong après t’avoir collé une bonne leçon qui a suivi juste la question « Est-ce que tu as confiance en moi ? » et à laquelle tu avais répondu « oui » ?
Au collège, on se débrouillait plutôt bien. Moi, je lui rédigeais ses dissertes de français et lui me faisait mes punitions en sciences nat (des dessins). Il faut dire qu’il faisait aussi les Beaux-Arts, ça aide sauf que, en tant qu’artiste, il ne pouvait pas s’empêcher de signer ses dessins ! Mdrrr ! Et comme il signait tout ce qui lui tombait sous la main, les profs aussi connaissaient sa signature ! Enfin, ça passait… Moi, on me demandait un dessin, j’apportais un dessin, après, c’est pas de ma faute si ils n’avaient pas précisé que je devais le faire moi-même 😉
Laos. Cambodge. Kurdistan.
Années lycées, nous sommes à Rennes toute une bande de copains constituée pour la plupart de réfugiés politiques de tous horizons. Entre soirées karaoké (ah là là, ces asiatiques !), bonnes bouffes (avec beaucoup de riz !), rigolades et conversations d’un sérieux ! nous avons passés plusieurs années ainsi avant que la vie ne nous fasse prendre des chemins différents.
Tous avaient échappé à un sort funeste. L’un menacé par les Khmers, l’autre par les Turcs.
Tous avaient de la famille au pays qu’il fallait faire venir en France coûte que coûte. Gagner des dollars, seul moyen de payer les fonctionnaires corrompus. Je me souviens avoir passé une année à m’occuper du fils de l’un d’eux. Il me logeait pendant mes études et moi je m’occupais de son fils pendant qu’il allait travailler à une centaine de kilomètre de là. Ca fait longtemps que je n’ai pas pensé à « Eddy ». Il doit être adulte maintenant. Il devait avoir une dizaine d’années et moi guère plus, dix-sept tout au plus. Deux écorchés vifs… ça donnait ! On s’en est bien tiré quand même.
De ceux dont j’ai eu des nouvelles, la plupart on retrouvé leur famille.
Bref, tout ça pour dire, que je suis bien contente d’avoir retrouvé quelqu’un qui est de loin considéré comme un membre à part entière de notre famille, le frère qu’on n’a jamais eu quoi, en plus, il porte un nom magnifique qui signifie « Paix».
anti
Tu m’as souvent parlé de Binh et de son histoire. Je la découvre ce matin dans tous ses détails, emplis de sensibilité et d’émotion.
Merci pour ce très beau moment.
Les photos de Michel qui l’accompagnet sont sublimes, comme toujours.
Me revient une anecdote très chouette, Sylvia était avec nous ce soir là. On était toute une petite bande de potes dans Rennes. Il avait neigé ce soir là et nous faisions des glissades sur la rue de l’Alma quand une voiture est arrivée. Elle a du piler net et le conducteur est descendu fou furieux. Son amie qui était dans la voiture paniquait de le voir en colère. Il a commencé à sortir rien d’autre qu’un flingue. Binh est allé lui parler souriant, riant même, et finalement, après un bon moment, il l’a calmé et remis dans la voiture en lui serrant la main.
On n’était pas fiers, j’avoue même avoir eu carrément les boules. C’est la seule fois de ma vie où je me suis retrouvée menacée par un revolver…
Après, je demande à Binh qui est champion de Kung Fu « Pourquoi tu ne lui as pas cassé la gueule ? »
Et lui de me répondre, toujours avec son sourire : « Ben, pourquoi faire ? Je sais que je suis plus fort que lui ».
C.Q.F.D.
anti
Excellent !
Sans l’avoir vraiment connu, je me souviens de Binh et je me souviens que vous étiez inséparables, au collège.
C’est donc avec beaucoup d’émotion que j’ai lu ton récit et que j’ai découvert le touchant parcours qui avait précédé son arrivée au collège… Quel vécu ! Quelle force extraordinaire !
Heureuse que vous vous soyez retrouvés. Via Internet, en plus !
Coucou Béatrice ! Le Chêne Vert… Mdrrrr ! Tu te souviens de RCV ? Radio Chêne Vert ? J’en ai fait partie… MDRRRR ! et dis donc ? Tu ne faisais pas du smurf avec moi, toi, entre midi et deux ?
Et Hélène, la bourrique qui m’a fait intégrer l’équipe de handball alors que je détestais ce sport. J’explique. Rentrée 1988 justement, Hélène vient me voir et attaque d’entrée : « Anti, tu sais que le hand c’est ma vie ! » Moi : « Oui » Elle : « Il nous manque une joueuse, si pas de joueuse pas d’équipe cette année » Moi : « Tu sais qu’il y a un sport que je déteste entre tous et que ce sport c’est le hand ? » Elle : « Oui, mais y’a que toi qui peut me sauver » Moi : « NON ! »
J’y ai eu droit pendant une semaine entière de 8 h du matin à 16 h 30 le soir (en plus on était dans la même classe). Au bout de 8 jours, j’ai craqué… J’ai dit « Oui ». Je lui ai quand même demandé « pourquoi moi ? » « Parce que je savais que tu dirais oui, t’es trop gentille ! » La s…. ! De fait, j’ai passé une super année dans cette équipe de hand, j’étais même pas mauvaise et surtout, j’ai obtenu des maillots propres !
anti
« Binh est allé lui parler souriant, riant même », ça c’est exactement Binh dans la vie, toujours positif et bon esprit. Et qu’est ce qu’on se marre avec lui ! Heureuse de t’avoir retrouvé frérot.
PS : c’est quand tu veux pour la soirée nems 🙂
Souvenirs, souvenirs…
Oh oui, je me souviens de Radio Chêne Vert ! Je me souviens aussi du local des 3èmes… On s’y retrouvait la dernière année pour écouter « Dire Straits » et pour bécoter à l’abri des regards des profs et des pions !
Tu as fait du smurf, toi ? Moi, entre midi et deux, je faisais de la gym, plus exactement des acrobaties 😉 sur les barres asymétriques !!
Tiens donc, j’étais persuadée que tu adorais le hand !!? C’est peut-être Hélène qui m’avait mis cela dans la tête !?
« Tu sais que le hand c’est ma vie ! » et « Oui, mais y’a que toi qui peut me sauver »… m’ont fait beaucoup rire ! C’est vraiment du Hélène tout craché. A tel point que je croyais l’entendre parler en lisant ces phrases !
bonjour
merci pour votre note (la paix ) je suis vraiment touché au fond de mon coeur ,plein démotion et des souvenirs et mon tableau ou vous avez trouvé ?
MERCI encore bonne soirée à tous
« PS : c’est quand tu veux pour la soirée nems :-)' »
J’te reconnais bien là sister !
« C’est vraiment du Hélène tout craché. A tel point que je croyais l’entendre parler en lisant ces phrases ! »
Mdrrr en te lisant aussi Béatrice !
« et mon tableau ou vous avez trouvé ? »
Hey ! Hey ! Coucou Binh ! Mais comment t’as fait pour nous trouver ici ? Serait-ce Sylvia qui t’aurait informé ? Mdrrr !
Pour le tableau, en fait c’est une photo d’une photo que tu m’avais donnée il y a trèèèèèèèèèèès longtemps, photo qui a toujours été sur un de mes pêle-mêle sur mon bureau. Tu peins toujours ou pas ?
anti (Stéphanie)
Un beau récit authentique qui m’a ému.
Coucou Loïc. Un authentique récit eh oui 😉 Emouvant, car la Vie est émotions permanentes.
anti
Un récit très émouvant tu as un vrai don pour l’écriture, je passe des moments très agréable sur votre blog alors merci…
Coucou Puce ! Attention, ce blog devient très vite une drogue, bisous.
Sylviadict de Millau ?
Annamac Vermot
Mdrrrrrrrrrrrr ! Anna… Tssss… En tout cas, merci m’ame Puce, contente de te lire aussi 😉
anti, annadict
Non, viadict de Corbinière ! Celui là tu connais pas hein ?
Il n’aurait pas un petit arrière-goût de beurre salé ?
Anna, de Bretagne
Tout à fait chère Anna. D’ailleurs, la prochaine fois que vous venez en Bretagne, tu auras le droit à une petite visite guidée de tout le site, tu verras c’est très joli.
T’es malade toi ! Ça caille chez vous ! Balade non, mais p’tites soirées volontiers ;-))))))))))
anti
Yes !!! Il parait qu’en Bretagne, il arrive parfois qu’on boive des boissons alcoolisées, dans les soirées. Si, si, il parait !Une légende, sûrement… Mais s’il y a un fond de vérité, le plan p’tites soirées bien au chaud, ça peut le faire 🙂
Oui, c’est une légende… Bon on vous attend les frileuses 🙂
Date arrêtée pour la p’tite soirée bien au chaud en Bretagne : le 23 chez Binh. Au menu, fondue chinoise et bonne humeur.
J’ai trop hâte de vous voir :-)))
bonsoir à tous
merci sylvia pour des soirée sympa
on se voit le 23/12
gros bisous à tous et faire de beaux reves
Yeap ! Salut Binh ! Trop contents de venir te voir le 23 !!! (Merci sisteuse aussi pour le message !)
Gros bisous à toi aussi et mdrrrr ! On est vraiment dans une journée très rêves aujourd’hui ! Tout le monde en a parlé our presque 😉
A bientôt !
antiphanie
Puisque je relis cette note, j’en profite pour souhaiter à Binh est très bon anniversaire en ce 28 avril 😉
bah… Blonk de Blonk… j ai tant à dire… ^^
Merci Anti de m avoir fait aller jusqu à cette note^^. Chui émue alors j attends un peu 😉