« La flûte enchantée » de Mozart jouée, après adaptation, par une troupe de musiciens sud-africains traditionnels avec les instruments de leur culture, ça donne un métissage époustouflant, comme je n’en avais pas entendu depuis Lambarena, un CD où des œuvres de Bach étaient jouées et accompagnées par des musiciens africains originaires de lieux qu’Albert Schweitzer a rendu mythiques.
Le spectacle s’appelle « Impempe Yomlingo » et il passe au Châtelet à Paris jusqu’au 18 octobre, après une interprétation traditionnelle de l’oeuvre de Mozart. Il a été créé en 2007 en Afrique du Sud, puis a été joué à Londres avec un gros succès.
En répétition
Voici ce qu’en dit Rue89 :
La troupe se nomme Isango Portobello et rassemble trente trois musiciens, danseurs, chanteurs et choristes; plus un orchestre de douze marimbas et percussions africaines. Ils jouent sans partition. Le chœur et les chanteurs, excellents (ils ne sont absolument pas sonorisés) sont aussi de formidables acteurs, très drôles et d’une gaité communicative.
Les musiciens sont d’authentiques virtuoses, personne ne se prend au sérieux mais chacun est professionnel. Tout est réglé au millimètre près alors que l’ensemble donne une impression de naturel et de spontanéité. Deux heures de pure réjouissance.
Le livret a été adapté en anglais avec des passages en zoulou et swana, la représentation dure deux heures (au lieu de deux heures trente d’habitude). Résultat ? C’est bien du Mozart que l’on entend, pas à la lettre évidemment, mais dans l’esprit complètement.
Le choix de l’œuvre pour une telle transposition est très pertinent. Dans la tradition tsonga, la foudre est causée par des oiseaux que seule la musique d’une flûte peut empêcher de tout détruire. Chez Mozart, la flûte est aussi une métaphore des pouvoirs infinis de la musique.
L’article complet est ici : Impepe Yomlingo, Mozart joué sur marimbas;
Les photos proviennent également du site de Rue89.
Dommage que la vidéo (qui est la mieux des deux existantes, c’est vrai, faut bien le reconnaître, oui) soit si peu représentative de ce que donner ce genre de métissage.
Je reconnais dans cette présentation, l’ouverture sur le monde que veut proposer le Châtelet depuis quelques années. Pour ma part, je trouve que l’initiative de « Bintou Wéré », premier opéra entièrement africain (aussi présenté Châtelet en 2007) était beaucoup plus impressionnante :
PARIS (AFP) — Après l’opéra pop anglo-chinois « Monkey, Journey to the west », le Théâtre du Châtelet à Paris poursuit sa politique d’ouverture sur le monde avec « Bintou Wéré », présenté comme le « premier opéra africain », qui sera joué pour quatre représentations de jeudi à samedi.
Cette oeuvre, dont la première mondiale avait eu lieu à Bamako le 17 février, sera donnée en soirée jeudi, vendredi et samedi, ainsi que vendredi à 15h00.
Même si le terme est évocateur, il ne s’agit pas à proprement parler d’un opéra selon les codes précis du genre, mais plutôt d’un spectacle musical né de la collaboration d’artistes originaires des pays du Sahel.
La direction musicale est assurée par le chanteur sénégalais Wasis Diop, les costumes et décors sont signés par sa compatriote Oumou Sy et les compositions par le Bissau-guinéen Zé Manel Fortes.
Le livret, en quatre langues (wolof pour le Sénégal, bambara pour le Mali, malinké pour la Guinée et créole africain pour la Guinée-Bissau et les anciennes colonies portugaises), est l’oeuvre du Tchadien Koulsy Lamko.
L’idée était née dans l’esprit du prince Claus des Pays-Bas (1926-2002), lors de la création de sa Fondation pour la culture et le développement en 1996.
Dans la forme, « Bintou Wéré » est basé sur les multiples traditions musicales du Sahel et dans le fond, il est ancré dans l’actualité du continent noir puisque son thème est l’émigration des Africains en Europe, fantasmée comme un Eldorado.
Son héroïne, Bintou Wéré (nom signifiant « fauteur de troubles »), interprétée par la Malienne Djénéba Koné, est une ancienne enfant soldat qui fait partie d’un groupe d’émigrants prêts à traverser le désert pour rallier l’Europe.
Peu après son accouchement, elle sera confrontée à un choix cornélien: assurer à son nouveau-né un droit d’asile en Europe ou le garder avec elle en Afrique.
L’argument traite des maux endogènes et exogènes de l’Afrique: le passeur Diallo (le rappeur sénégalais Carlou D.) est âpre au gain, tandis que Bintou Wéré se fait renverser par les bolides du Paris-Dakar dans le deuxième acte.
Le qualificatif de « premier opéra africain » a déjà été revendiqué par le passé. Une oeuvre intitulé « Princess Magogo KaDinuzulu », alors présentée comme le premier opéra zoulou, avait ainsi été créée en Afrique du Sud en 2002.
http://video.google.fr/videoplay?docid=5537538506010208047&q=bintou+were&total=1&start=0&num=20&so=0&type=search&plindex=0
http://www.sahelopera.org
http://www.princeclausfund.org
anti, même pas têtue.
La flûte enchantée m’a accompagnée toute la matinée 🙂
J’adorerais le voir sur scène ! Mais ce ne sera pas encore pour cette fois, hélas ! Dommage parce que les extraits vus sur Youtube ainsi que les critiques donnent envie ! M’enfin, on ne peut pas tout faire !