Ce qu'il reste de nous

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JEUDI 17 SEPTEMBRE 2009 à 20h30 au cinéma Le Sémaphore à Nîmes

PROJECTION DU FILM « CE QU’IL RESTE DE NOUS »

suivi d’un débat avec la participation de Pierre Moureu qui était à Lhassa

pendant les manifestation de mars 2008

Expo photos de Pierre Moureu à la cafeteria du Sémaphore

COMPLET

left-image.jpg Toujours considéré par la Chine comme une menace à la sécurité nationale, le dalaï-lama n’avait jamais remis les pieds à Lhassa. Il y avait donc 50 ans qu’il n’avait pu franchir librement les montagnes qui le séparent de son pays. Il y avait 50 ans qu’il ne s’était pas adressé aux Tibétains de l’intérieur. Un simple écran portatif a conjuré le sort.

Kalsang Dolma, une Tibétaine réfugiée au Québec, franchira l’Himalaya. Par-delà les frontières de la plus vaste prison du monde, elle porte un message filmé du chef spirituel et politique des Tibétains.

Les familles se rassemblent autour du petit écran et, pour l’une des premières fois, la parole de ce peuple sous l’emprise de la douleur traverse le silence et parvient jusqu’à nous.

Ce film-choc a été tourné à l’insu des autorités chinoises, à l’aide de petites caméras numériques, lors d’une dizaine d’incursions clandestines sur le territoire du Tibet entre 1996 et 2004.

Kalsang Dolma

Originaire du Tibet, Kalsang Dolma est née le 15 novembre 1972 dans un camp de réfugiés indien à Hunsur. Elle quitte l’Inde du Sud en 1986 pour suivre son père à Montréal. C’est à lui que Kalsang doit cet amour du Tibet, son pays qu’elle a vu pour la première fois à l’âge de 28 ans :
« Quand j’étais jeune, mon père me racontait des histoires sur le Tibet. J’ai été profondément émue de rencontrer mes trois tantes lors mon premier voyage. Je reconnaissais mon père à travers les traits de l’une d’entre-elles et je me suis retrouvée tout de suite. Je me suis dit : « c’est ici que mon père est né  » ».

Pour les fins du tournage, Kalsang fait quatre longues escales au Tibet, quatre pèlerinages au cours desquels elle est le passeport de François Prévost et d’Hugo Latulippe :

elle est l’interprète des cinéastes et la gardienne du message du dalaï-lama pour le peuple de l’intérieur, « un message d’espoir pour les Tibétains, une manière de leur dire qu’à l’extérieur du Tibet, il y a des gens qui pensent à eux », rappelle la muse de Ce qu’il reste de nous.

Fière de ses origines, Kalsang Dolma étudie la guitare et les chants traditionnels tibétains. Sa voix de soie berce d’ailleurs quelques images du film. Elle livre le texte avec cette même douceur, mélangée à de l’indignation face aux douleurs qu’endure son peuple depuis 50 ans, depuis trop longtemps.

Interviews : François Prévost (ci-après), Hugo Latulippe & Kalsang Dolma (en cliquant sur les liens).

Selon François Prévost, la survie du peuple tibétain est primordiale pour le bien-être des peuples du monde entier : « Si la nation tibétaine se dissout à jamais dans la force de l’assimilation d’une puissance économique et guerrière, quel message envoyons-nous en tant qu’êtres humains aux générations futures ? »

Comment tout cela a-t-il débuté ?

Tout a commencé avec La Course destination monde, qui a changé beaucoup de choses dans ma vie. Au terme de cette aventure, j’ai gagné un stage de réalisation au Point, à Radio-Canada. Mais j’ai tout de suite voulu faire quelque chose de plus excitant, plutôt que de rester à Montréal et de travailler à la télévision. J’ai donc proposé de faire un reportage sur le Tibet. On a aimé l’idée, parce que mon titre de stagiaire me permettait d’entrer au Tibet sans permis de journaliste.

J’ai engagé Hugo, que je connaissais à peine. Une amitié et une connaissance du terrain se sont forgées. Le reportage n’a pas été très fort, mais nous sommes revenus avec la volonté de faire quelque chose pour le Tibet. Puis, Hugo et moi avons fait une entrevue avec le dalaï-lama.

À la fin de notre conversation, nous lui avons demandé s’il avait un message pour les Tibétains qui vivaient encore de l’autre côté de l’Himãlaya. Il a réfléchi quelques secondes et s’est mis à parler durant cinq minutes, sans une seule virgule. C’était en tibétain, alors je ne comprenais rien, mais à ce que je voyais à l’écran, je sentais que quelque chose d’extraordinaire était en train de se produire.

D’où vient cette fascination pour le Tibet ?

C’est un pays mythique que l’on ne connaît pas beaucoup. Aussi, il s’agit d’un endroit où l’on est connecté avec la nature. La première fois, c’est avec ces idées de nature que j’y suis allé, puis j’ai découvert les gens. Ils ne voient pas leur vie comme étant le centre de l’univers, ce qui leur donne une tout autre perspective de leur rapport à l’être humain. Et il y a eu Kalsang. Avec elle, une vision du Tibet de l’intérieur a commencé à poindre.

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Ce qu’il reste de nous, c’est huit ans de votre vie…

J’en suis à intégrer le concept selon lequel le processus est plus important que le résultat. Ce qu’il reste de nous a été une longue dérive. Toujours en mouvement, nous avons contourné les obstacles et suivi les filons, en nous adaptant et en redécouvrant constamment le sujet. Nous ne pouvions élaborer un plan de montage précis. Nous étions tributaires des réactions des gens et devions avancer à tâtons, pendant huit ans. C’est complètement fou, mais, si on y réfléchit un peu, la vie passe et nous passons aussi.

Moi, je ne peux pas rester là à ne rien faire, particulièrement si je sens que je peux aider. Je ne crois pas encore tout à fait à la réincarnation. Alors, c’est maintenant qu’il faut agir. Parfois, je me demande ce que, dans ma vie, j’ai fait pour les vraies bonnes raisons. Je me lève le matin, je regarde par la fenêtre ou j’ouvre la télévision et je me dis que le monde pourrait être meilleur.

Au moment précis où nous nous parlons, c’est deux millions de dollars américains qui sont dépensés en armement : des ressources, de l’énergie, de la main-d’oeuvre et de l’intelligence humaine; pour cela : les institutions de destruction massive, les armées, la défense… on appelle aussi cela de la sécurité! Je me demande quand nous ferons de la construction massive.

Dans une autre vie, vous êtes médecin. Est-ce que cela se manifeste dans votre travail de réalisateur ?

Depuis huit ans, mon temps est partagé entre la médecine dans le Grand Nord, six à huit mois par année, et de longues escales en Inde, au Népal et au Tibet. Il y a un rapport entre ces deux vies, mais ce n’est pas lié à la pratique. Pour moi, il s’agit davantage d’une question de santé communautaire. Si nous laissons périr un peuple qui, depuis 50 ans, s’affirme non violent, si nous le laissons disparaître de la surface de la planète, plus un seul peuple n’osera le faire. Cela serait la preuve de l’échec le plus retentissant qui soit. À l’échelle mondiale, le bien-être de l’ensemble des êtres humains en serait menacé, parce que la non-violence ne serait plus une option envisageable.

Croyez-vous encore que la donne peut changer pour le Tibet ?

Il reste de l’espoir. Ce qu’il reste de nous lance un message, à savoir que si nous continuons ainsi, il n’y en aura plus, de l’espoir. Je crois que nous avons passé le point de bascule. Il est encore temps de revenir en arrière, mais il faudra un effort concerté et des changements rapides.

En fait, le temps dont nous disposons est équivalent aux années de lucidité du dalaï-lama. Pour que la situation change, il faudra prendre conscience à quel point la violence est installée et comment le peuple du Tibet, à l’échelle de la planète, représente un élément crucial à ce point-ci de l’histoire. Si la nation tibétaine se dissout à jamais dans la force de l’assimilation d’une puissance économique et guerrière, quel message envoyons-nous en tant qu’êtres humains aux générations futures ?

Source Site officiel du film.

Images et extraits musicaux

Disponible en DVD au Canada.

Ce qu’il reste de nous sur Wikipédia

anti

8 Replies to “Ce qu'il reste de nous”

  1. Anna Galore

    Profondément émouvant, tout ça : ce qu’ils ont fait, la réaction des Tibétains qui voient le Dalaï Lama (sur la bande-annonce), l’interview de François Prévost et, bien sûr, le courage et la détermination de Kalsang Dolma.

    La séance au Sémaphore est déjà complète (il faut s’en réjouir) mais le DVD étant dispo chez Amazon Canada, je prospecte un peu sur d’autres sites et ensuite, je l’achète.

  2. valentine

    Magnifique et courageuse démarche que celle de Kalsang Dolma. Je relève cette phrase qu’elle cite:
    « j’en suis à intégrer le concept selon lequel le processus est plus important que le résultat. »

    Malgré toutes les volontés politiques de nier (et ce depuis 1950), le massacre et l’extinction du peuple tibétain, nous sommes de plus en plus nombreux à adhérer à cette idée que résister de façon non violente est la seule vraie voie possible.

    Lors de sa venue à Lausanne, les 4 et 5 août dernier, plus de 12’000 personnes ont assisté aux enseignements du Dalaï Lama.

    Cependant, si rien ne semble arrêter cette marche en avant, en sera-t-il de même lorsque le Dalaï Lama disparaîtra? I

    J’aimerais beaucoup me procurer le DVD, merci de m’indiquer s’il existe un autre moyen que de passer par le Canada.

    Je joins 2 liens de photographes qui suivent le Dalaï Lama depuis de nombreuses années dans ses tournées.

    Photos de Manuel Bauer sur
    http://www.manuelbauer.ch
    et Régis Colombo sur
    http://www.diapo.ch/galerie.php/97
    il y a également des interviews du Dalaï Lama lors de son passage à Lausanne et d’autres magnifiiques photos toutes plus belles les unes que les autres.

  3. anti

    Mercredi taxi aujourd’hui mais merci pour les liens Valentine ! J’irai les consulter quand j’aurai la disponibilité nécessaire.

    Énormément à dire sur ce sujet évidemment. Sujet qui semble t’intéresser Valentine. Si tu le souhaites, tu peux regarder les titres des notes dans « L’univers d’anti », tu trouveras beaucoup d’articles à ce sujet qui me tient aussi à coeur.

    anti

  4. Anna Galore

    Et, pour Marie-Thérèse, en plus des liens indiqués par Anti, également pas mal d’articles sur le Tibet dans les rubriques « Tous des humains » et « Symboles et croyances ».

  5. ramses

    Espérons qu’un jour la liberté sera rendue à ce peuple pacifique et que le Dalaï Lama pourra sortir de son exil. Je ne comprends pas ce que les Chinois redoutent aujourd’hui de lui, sinon la contestation ? Y a t’il toujours un intérêt stratégique à maintenir le Tibet sous contrôle ?

  6. anti

    « Y a t’il toujours un intérêt stratégique à maintenir le Tibet sous contrôle ? »

    Plus d’un malheureusement. Je reviendrai là-dessus et sur les autres notes un peu plus tard. Douche pas encore prise et cours de piano dans… peu de temps !!! Argh !!!

    anti

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