C’est une première en Espagne. Le sang du cordon ombilical d’un bébé sélectionné génétiquement pour soigner son frère est parvenu à le guérir. L’enfant était atteint d’une grave forme d’anémie congénitale.
Andrés est “très content, il retrouve le goût de jouer, de manger, cela a changé sa vie”. La mère du petit Andrés, 7 ans, a de quoi être heureuse. Son enfant est guéri grâce à l’implantation du sang du cordon ombilical de son frère, Javier.
Né en octobre dernier, le nourrisson est le fruit de la sélection in vitro d’un embryon exempt de l’anomalie génétique dont souffre son aîné. C’est le sang de son cordon ombilical, transmis par injection, à son frère Andrés qui a permis la guérison.
Les cellules saines du nouveau-né ont colonisé la moelle osseuse (la “fabrique” des cellules sanguines) du frère malade et lui ont permis ainsi à son tour de fabriquer des globules rouges sains. Ce processus a été possible car les cellules souches embryonnaires ont la capacité de devenir n’importe quelles cellules du corps.
Désormais, l’enfant, rentré chez lui, ne se rend à l’hôpital que pour des visites de routine. Il n’a plus besoin des transfusions sanguines auparavant nécessaires pour le maintenir en vie.
Cette transplantation médullaire a été effectuée le 23 janvier à l’hôpital Virgen del Rocio de Séville (sud). Il s’agit du premier processus de ce genre intégralement réalisé en Espagne.
Andrès souffrait d’une bêta-thalassémie majeure. C’est la forme la plus grave d’anémie génétique due à une anomalie des gènes de l’hémoglobine. Cette maladie est répandue dans les populations du bassin méditerranéen, l’ensemble du Moyen-Orient, le sud et l’est de l’Asie, l’Afrique et les Antilles.
Source : Jamila Zeghoudi, France Info
Je trouve cela extraordinaire pour l’enfant qui était malade, bien sûr ! Et pour les parents aussi !!!
Mais… Et cet enfant, conçu « pour son frère » ? et non pour lui-même ? Quelle place va-t-il trouver, par la suite ? Je me demande quelle sera l’attitude des parents, de son grand frère, et la sienne, par la suite ? N’est-ce pas faire peser une responsabilité énorme sur cet enfant ?
Je n’ai aucune réponse, je ne sais pas. Je me demande juste…
Question cruciale, en effet. On peut imaginer aussi bien le pire que le meilleur, suivant la façon dont Javier intègrera le rôle qu’il a joué par rapport à la motivation pour laquelle il a été conçu.
J’ai bien peur que, comme pour tous les vrais problèmes d’éthique, il n’y ait aucune réponse tranchée (et sûrement aucune de simpliste, dans un sens ou dans l’autre).
Il y a juste à se demander pourquoi les cellules souches qui sont connues depuis bien longtemps ne sont autorisées que maintenant ???
@ VOIE : « Il y a juste à se demander pourquoi les cellules souches qui sont connues depuis bien longtemps ne sont autorisées que maintenant ??? »
Je ne comprends pas ???!!! Ké ?
Le débat éthique dépasse le clivage science-religion (Jean-Yves Nau)
Le Monde – 14 décembre 2007 (1/10 de page)
« Parce qu’elles imposaient la destruction d’embryons humains, les recherches sur les cellules souches embryonnaires ont été condamnées par ceux qui y voyaient une forme d’atteinte à la dignité humaine, les responsables de l’Eglise catholique au premier chef. Depuis près d’une décennie, on assiste ainsi à l’affrontement de ceux qui postulent que la vie humaine commence au moment de la fécondation de l’ovocyte par un spermatozoïde et ceux pour qui un embryon obtenu par fécondation in vitro et ayant atteint le stade de blastocyste (au cinquième jour de son développement, avant son implantation dans la muqueuse utérine) ne saurait être considéré comme une personne.
voiedorée
Pour cette maman, son bébé, son frère et n’oublions pas, son père, tous mes voeux de bonheur !
J’aime bien tes questions Catherine. Je ne saurais y répondre actuellement j’avoue. Encore une fois, c’est un sujet dont nous parlions avec Anna dernièrement suite à un article d’une amie sur « Le droit de vouloir être mère », titre délibérément provocateur. Nous nous disions que dès l’ors qu’on parle éthique il est quasi impossible de définir une Loi générale.
anti, en chemin.
c’est le genre de situation, où c’est au cas par cas… Un peu comme le droit de mourir ? Peut-on faire une Loi ?
Voie, cela ne veut pas dire que les recherches sur les cellules-souches n’ont pas largement commencé depuis une dizaine d’années, en tout cas en Europe. L’Eglise s’y est opposée, tu as raison, mais ce n’est pas l’Eglise qui fait les lois. Le débat est légitime, cela dit.
Aux USA, où les lobbies religieux sont extrêmement puissants, la recherche sur les cellules-souches a été interdite par GW Bush pendant ses deux mandats. Du coup, les chercheurs américains ne pouvaient avancer dans leurs travaux qu’au travers de collaborations avec d’autres pays dans une semi-clandestinité. Obama vient de lever il y a quelques jours cette interdiction.
Anna,
« Obama vient de lever il y a quelques jours cette interdiction. »
C’est dans l’absolu une bonne nouvelle, mais sans un encadrement bio-éthique strict, c’est la porte ouverte à n’importe quoi… Où l’espérance de profits des Laboratoires risque d’être prioritaire… Axel Kahn (le frère de Jean-François) a longuement réfléchi sur la question, au sein du Comité consultatif national d’éthique, dont il fut membre de 1992 à 2004 :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Axel_Kahn
Je suis entièrement d’accord. Permets-moi de m’auto-citer en recopiant ici deux phrases que j’ai écrites un peu plus haut :
– le débat est légitime
– J’ai bien peur que, comme pour tous les vrais problèmes d’éthique, il n’y ait aucune réponse tranchée (et sûrement aucune de simpliste, dans un sens ou dans l’autre).