A Copenhague, «l’humanité devra décider si elle prend son destin en main»
Après le sommet sur le climat à Poznan qui s’est achevé hier, entretien avec Raja Devasish Roy, ministre de l’environnement du Bangladesh (recueilli par Christian Losson)
Pour un pays aussi vulnérable au changement climatique, Poznan est-il porteur d’espoir ou de désespoir?
Vivement 2009 et le sommet de Copenhague où l’humanité devra décider si elle prend ou pas son destin en main. L’Europe va au moins avoir enfin un rival avec l’arrivée de Barack Obama, porteur d’une nouvelle dynamique américaine. Cela devrait changer de la politique des petits pas alors qu’on doit sprinter. Les pays scandinaves ont montré un vrai leadership. Mais finalement, l’Europe ne propose que 20% de baisse de gaz à effet de serre pour 2020, quand les scientifiques disent qu’il faut trouver une fourchette entre 25 et 40%. Et le Japon, l’Australie, le Canada n’ont toujours rien proposé. Or, les pays industrialisés ont une responsabilité historique dans la pollution actuelle de l’air.
Le fonds d’adaptation est une question cruciale pour nous. Or, il n’y pas grand chose sur la table, à peine 80 millions de dollars…
C’est à des années-lumières des besoins face à la montée des eaux, aux inondations, aux sécheresses. On nous avait pourtant dit que la crise financière ne devait pas être une excuse. Et on parlait même de consacrer 1% de la richesse des pays riches pour nous aider à surmonter ce défi essentiel pour notre survie, pour l’adaptation et la mitigation (énergie solaire, par exemple). Et on nous promet en vain depuis le sommet de Rio en 1992 des transferts de technologies qui vont pour l’instant en sens inverse: du sud vers le Nord. Avec le pillage, par exemple, des savoirs des communautés indigènes, le brevetage par l’occident de plantes qui servent à faire des médicaments. On a mis 2600 milliards pour sauver le système financier. Mais si on n’a plus de planète vivable, à quoi sert un système financier?
Comment le Bangladesh fait-il face à la crise climatique?
On doit affronter des cyclones de plus en plus violents qui entraînent des inondations catastrophiques (1); la montée du niveau de la mer qui nous mange des terres arables; la salinisation qui entame nos réserves en eau potable, notre biodiversité, notre agriculture. Dans le même temps, on doit trouver des nouvelles espèces de graines résistantes à la salinisation, la sécheresse, et on manque de cash pour la recherche et le développement. On a pourtant une expérience des catastrophes naturelles, et dès les années 50, on a travaillé à l’élévation de digues. Mais en 2050, l’eau pourrait monter d’un mètre, inonder un tiers de nos terres et déplacer 20 millions de personnes.
Vous militez pour un statut légal des réfugiés climatique…
Oui, mais reste que le nerf de la guerre climatique, c’est l’argent. Pour l’instant, on a reçu la promesse d’une aide de 132 millions de dollars du Royaume-Uni. On a lancé en 2008 un plan national de lutte de 45 millions de dollars. On vient de décider de planter 100 millions d’arbre pour augmenter notre capital forestier de 14% à 20%. Mais il faudrait au moins 1 milliard sur trois an: environnement, santé, agriculture, infrastructure, énergie alternative. Le problème, c’est que les changements climatiques enrayent le développement de notre pays, où 40% des 144 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. On voulait tenter de sortir des 40 pays les moins avancés de la planète et arrêter de faire la queue pour quémander des fonds… Arrêtons donc de parler. Agissons.
(1) En novembre 2007, le cyclone Sidr a entrainé la morts de 4700 personnes et causé près de 10 milliards de dollars de pertes.
Source: Libé
Nous avons déjà, dépassé le point de non retour alors…..
quand on n’est plus maitre de son destin il ne reste plus qu’à ……. (au choix)
Puisque « Le Danemark élu Terre du Bonheur » (http://www.buddhachannel.tv/portail/spip.php?article1529), je choisis de garder l’espoir.
anti
En espérant j’ai peur qu’on soit déçu… Je pense aussi qu’on a dépassé le « point de non retour »… Mais bien que je me sente « désespérée » (c’est sans doute dans ma nature, aussi), à la maison on essaye d’agir au mieux. Une petite goutte que chacun verse, ici, pour un mieux. Après qu’on espère ou non, ça dépend de sa sensibilité et de ce qui nous donne l’énergie d’agir. A mes yeux, l’espoir rend nécessairement malheureux, mais là c’est du hors-sujet par rapport au débat initial.
Les conséquences sur le climat, malheureusement, il y en a et il y en aura, après deviendrons-nous plus sages face aux épreuves ???? Ca ce serait bien.