Il y a presque dix ans, j’ai réalisé ce dessin de la tour Magne pour un ami et le Comité de quartier Jean Jaurès à Nîmes. Surprise : le samedi 13 Septembre 2008, me voici invité par le Président du Comité pour découvrir une plaque commémorative au 14 rue Fernand Pelloutier sur laquelle figure le dessin !!! A noter que les différents membres de l’association ont mis en place une exposition retraçant l’histoire et la vie autour du boulevard Jean Jaurès de 1908 à 2008 (centre Pablo Neruda).
Lundi après-midi, en attendant mon tour à la Poste de Nîmes cette fois-ci, j’ai eu le loisir de pouvoir lire les panneaux consacrés au centenaire du comité de quartier de Jean Jaurès. Il faut vous dire à vous étrangers, qu’à Nîmes, question repérage, c’est simple : tu vois l’avenue Jean Jaurès ? Ben c’est au bout, à droite, à gauche, bref, où que tu ailles, c’est pas rapport à l’avenue Jean Jaurès, grand homme politique si l’en est et surtout grande avenue de Nîmes.
Axe majeur de la ville, l’avene Jean Jaurès est en travaux depuis plusieurs années et par conséquent, donne lieu à des fouilles archéologiques. Voici ce qu’on peut lire sur le site de l’INRA :
La fouille préventive menée sur l’avenue Jean-Jaurès, préalablement à la construction d’un parc automobile souterrain, constitue l’une des plus importantes surfaces d’étude ouvertes dans le tissu urbain antique de Nîmes.
Parmi les opérations importantes déjà réalisées, on rappellera les fouilles qui ont précédé la construction de la médiathèque Carré d’Art (1985), la création du centre commercial de la Coupole des Halles (1990), l’aménagement des abords de la Maison Carrée (1991), le programme immobilier de Villa Roma sur les pentes sud du Mont Cavalier (1991-1992) ou encore, plus récemment, l’agrandissement du parking souterrain de la place d’Assas (2004).
D’une superficie globale d’environ 6 500 m2, l’emprise de la fouille archéologique occupe une partie de l’allée centrale de l’avenue Jean-Jaurès. Il s’agit d’une longue bande étroite de 400 m de long et de 15 m de large en moyenne. La fouille a duré 10 mois et a rassemblé plus d’une trentaine d’archéologues.
L’avenue Jean-Jaurès est un axe majeur et remarquable de la ville actuelle de Nîmes. Ce « Cours Neuf » est né au XVIIIe siècle des suites de l’aménagement de la Fontaine par Mareschal, l’ingénieur des fortifications du Roi, dans le cadre d’un plan d’urbanisme général qui comprenait aussi de nouvelles rues au milieu des anciens faubourgs à l’ouest de la ville médiévale. Bien que le tracé de cette large avenue s’articule parfaitement avec l’un des monuments les plus prestigieux de la ville romaine, l’Augusteum, sanctuaire impérial organisé autour de la source de la Fontaine, ce tracé ne correspond à aucune réalité de la topographie antique.
La fouille s’inscrit dans un environnement archéologique sensible révélé de nombreuses fois depuis les observations du XIXe siècle jusqu’aux fouilles archéologiques préventives des 25 dernières années. Par sa morphologie même et par sa situation à la charnière de deux anciennes limites majeures, entre l’enceinte de la ville gauloise au nord et l’enceinte romaine au sud, la fouille du parking Jean-Jaurès permet une lecture transversale de la ville antique et constitue un secteur clé pour la compréhension du développement de la cité.
Le diagnostic archéologique réalisé au printemps 2005 (J.-Y. Breuil, Inrap) a confirmé la forte densité de vestiges antiques. Le terrain naturel a été atteint, par endroits 2 ou 3 m sous la surface actuelle. Au-dessus, la stratigraphie révèle 1,50 m de couches antiques avec des vestiges relativement bien conservés, car peu perturbés par les cultures médiévales puis scellés ensuite par les épais remblais modernes du Cours Neuf.
La fouille archéologique a tenté de documenter plusieurs thèmes de recherche : restituer la topographie initiale du site, comprendre les conditions d’installation des occupations anciennes, comprendre aussi la physionomie du quartier extra-muros à l’époque républicaine (premiers noyaux d’habitat, part réservée aux cultures, rues) et les principales étapes de l’urbanisation du secteur à partir de la période augustéenne jusqu’à son abandon. En définitive, il s’agit de percevoir la transformation progressive des abords d’une agglomération gauloise vers une ville romaine, en évolution permanente au contact de nouveaux usages.
Résultats
La fouille a révélé que la périphérie sud de la ville gauloise, au contact de l’enceinte, était, dès les IVe-IIIe siècle avant notre ère, occupée par des vignes. L’existence du vignoble a été repérée grâce à des traces de plantations caractéristiques laissées dans le sous-sol, en particulier des tranchées de défoncement (sulci). Cette technique, décrite par les agronomes romains et bien connue dans le sud de la Gaule, trouve ici l’une de ses plus anciennes attestations confirmant la présence à Nîmes de la culture de la vigne bien avant la Conquête romaine.
Au IIe siècle avant notre ère, la culture de la vigne est repoussée plus au sud et ce quartier extra-muros traversé par trois voies laisse la place à un secteur artisanal dédié à la métallurgie. Fosses rubéfiées, vidanges de foyer, rejets de forge et possible four de réduction de minerai sont les principaux témoins de cette activité. Siège des premières constructions, hors des anciennes limites de la ville, ce secteur restera longtemps dévolu au travail du fer et du bronze. Plus au sud, une autre voie empierrée est mise en place précocement et est bordée par des cultures.
L’urbanisation pleine et massive de cette partie sud-ouest de la ville romaine intervient à partir du règne d’Auguste, au moment où Nîmes se dote d’une parure monumentale (enceinte, augusteum, forum). De nouvelles voies empierrées sont créées, d’autres plus anciennes sont élargies et seront progressivement dotées, au cours des Ier et IIe siècles de notre ère, de divers aménagements publics : portiques, égouts collecteurs, galerie souterraine d’adduction d’eau, château d’eau secondaire, fontaines, trottoirs.
La fouille a recoupé un ensemble de 8 rues qui dessert autant îlots dont une majeure partie est à vocation résidentielle. Si l’étroitesse de la fouille ne permet pas de rendre compte des plans complets des bâtiments, elle offre l’opportunité de saisir les divisions à l’intérieur d’un îlot et de comprendre le processus d’urbanisation et de lotissement, montrant par endroits une filiation forte entre parcellaire ancien et structuration du bâti romain.
Plusieurs maisons présentent des décors soignés associant, selon les endroits, peintures murales et mosaïques de pavement. Une demeure en particulier, de plusieurs centaines de mètres carrés, s’apparente au modèle de la domus romaine, se caractérisant notamment par une série de pièces organisées autour d’une cour et desservies par des galeries. L’aile sud comporte deux salles d’apparat richement décorées. L’une est pourvue d’une mosaïque de pavement, très bien conservée, de facture et de composition de grande qualité ; la scène centrale illustre un épisode de la légende de Dionysos, porté à la scène par Euripide dans Les Bacchantes : le châtiment de Penthée et d’Agavé. La seconde pièce plus grande (près de 50 m2) possède une mosaïque, plus dégradée dont le motif central, relatif à la guerre de Troie, figure le mythe d’Achille sur l’île de Skyros, caché parmi le gynécée de Lycomède et démasqué par Ulysse. Une autre résidence s’organise autour d’une cour dotée d’un bassin associant sculpture (Neptune) et jeux d’eau et présentant un accès singulier avec un pan incliné pavé, par ailleurs fortement usé. Plusieurs indices (situation, accès, fréquentation, monnaies, autel votif, mobilier en bois, vaisselle en bronze, graffitis) confèrent à ce bâtiment un caractère luxueux et peut-être en partie public.
L’îlot jouxtant l’enceinte romaine est dévolu à l’artisanat de la terre (plusieurs fours de potiers ont été mis au jour) tandis que le travail de forge a été repéré ponctuellement en bordure des rues. Les éléments de vie quotidienne proviennent essentiellement des rares dépotoirs, des remblais de construction et des comblements des puits : vaisselle et lampes en terre cuite, bijoux, statuaire, tabletterie, objets en métal, résidus de consommation, ….
L’abandon du secteur, qui intervient en grande partie au IIIe siècle, est caractérisé par des traces d’incendies ponctuels et une récupération importante des matériaux de construction. Quelques espaces sont réoccupés sporadiquement à la fin de l’Antiquité. Le paysage urbain va se transformer peu à peu en zone de friche et de cultures, parsemé de quelques tombes du haut Moyen Âge et de l’époque moderne. Le XVIIIe siècle voit la mise en place du Cours Neuf qui en 1943 est jalonné sur son côté ouest par une série d’abris souterrains protégeant des bombardements.
De toute beauté, à voir sur le site de l’INRA, les différentes mosaïques et trésors enfouis sous nos pneus : Diaporama
De magnifiques photos de mosaïques nîmoises à découvrir ou redécouvrir sur le site de Laétitia Mounier .
anti
Fantastique ! Le diaporama est à voir absolument. Je me demandais pendant les travaux sur Jean Jaurès si les résultats des fouilles seraient un jour exposés pas trop loin. Et puis, je n’y ai plus pensé.
Je découvre ma ville comme je ne l’avais jamais vue. Merci, Anti !
Magnifique le diaporama et l’état de conservation des mosaïques remarquable.
La Chapelle des Jésuites est en endroit que j’ai très envie de découvrir d’après ce que j’en ai lu. Ca semble très beau et qui plus est, il s’y passe plein de choses.
A découvrir et re-découvrir.
Quand je suis allée à la mairie l’autre jour chercher des lots pour une compétition d’équitation, j’ai eu le privilège de rentrer en voiture d’élu avec chauffeur et surtout de rouler dans tous les espaces piétons. C’était très sympa. Bref, le truc c’est la discussion avec le jeune chauffeur qui rêvait de Paris, ville Lumière, où il y a tant de choses à faire et à découvrir et moi de trouver la même chose voire plus encore ici 😉 avec en plus, un truc qui n’existe pas là-haut : le soleil !
anti, éternelle étudiante.