Acidification des océans : les chercheurs s’inquiètent.
Des scientifiques réunis à Monaco alertent les politiques sur le phénomène provoqué par le réchauffement climatique.
Les chercheurs réunis pour le plus important colloque jamais consacré à l’acidification des océans qui s’est achevé jeudi à Monaco, ont dressé un tableau assez sombre de ce phénomène provoqué par le réchauffement climatique.
«Les répercussions écologiques et économiques de l’acidification de l’océan qui dépendront de la réaction de l’écosystème, pourraient être considérables», souligne une synthèse des conclusions de ce symposium auquel participaient plus de 250 chercheurs du monde entier.
L’acidification des océans est provoquée par l’absorption dans la mer du CO2 produit par les activités humaines, à raison de 22 millions de tonnes par jour. Il en résulte une formation d’acide carbonique ayant pour effet de diminuer la quantité de minéraux nécessaires au développement d’un certain nombre d’organismes marins.
Si les chercheurs soulignent que la connaissance des effets de l’acidification des océans sur les écosystèmes demeure partielle, ils insistent sur un certain nombre de risques.
Un bouleversement durable des réseaux trophiques marins pourraient entraîner «d’importants bouleversements dans les stocks de poissons commerciaux», selon le document de synthèse.
Une diminution du taux de calcification aura pour effet de ralentir la croissance des récifs coralliens et les rendra plus fragiles alors que cette ressource «rapporte plusieurs milliards de dollars par an grâce au tourisme».
A terme, la capacité d’absorption du CO2 de l’océan pourrait se réduire, augmentant le dioxyde de carbone dans l’atmosphère, selon les chercheurs.
«Une communication extrêmement intéressante nous a également montré que les eaux acides qui sont en profondeur commencent à remonter sur la côte nord-ouest du Pacifique, celle de l’Alaska, du Canada, du nord des Etats-Unis, et arrivent comme ça sur la zone côtière. Ce sont des eaux corrosives, c’est une vraie surprise», a dit lors d’une conférence de presse Jean-Pierre Gattuso, chercheur au laboratoire d’Océanographie de Villefranche-sur-mer (Alpes-Maritimes) qui coordonne un projet de recherche européen sur le sujet.
Les chercheurs concluent en appelant «les responsables politiques mondiaux» à soutenir le travail de recherche sur l’acidification des océans afin de «réduire les incertitudes et faire des projections utiles dans les domaines écologiques et économiques».
Source: Libération