Adele m’a envoyé quelques textes d’elle, des paroles de chansons. Je crée ce fil pour vous en faire profiter. J’espère qu’elle aura l’occasion et l’envie de venir en ajouter d’autres.
Comme tous les poèmes publiés dans cette section, ils sont et restent la propriété de leurs auteurs. Merci de les citer avec leur nom.
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De l’autre côté du miroir
C’est drôle comme le temps a passé
De nos câlins, de nos baisers
De nos virées quand tard le soir
On finissait au fond d’un bar
Y’a des images qui me reviennent
Des bouts de choses que tu disais
Un parfum de cuir et de laine
Resté au fond du canapé
J’ai oublié de t’oublier
J’étais si bien au creux de toi
Où est passé mon conte de fée ?
Rien n’est pareil quand t’es pas là
Tu disais que pour toi j’étais
Celle que tu attendais, ta reine
T’avais pas le droit, moi j’y croyais
Je voyais loin j’étais sereine
Pour toi j’inventais une maison
Je nous emmenais en voyage
A t’entendre y’avais pas d’raison
Ça pouvait finir qu’en mariage
J’ai oublié de t’oublier
J’aurais tellement voulu que ça dure
Mais c’est pas grave, ça va passer
C’était une belle aventure
Il y a encore pas longtemps
Je retrouvais un peu de toi
Ton odeur sur mes vêtements
Un accroc sur un bas de soie
T’as oublié ta brosse à dents
Une écharpe et ton coupe-cigare
Je retombe de temps en temps
Sur une chemise dans un placard
Je vais finir par t’oublier
Déjà je ne suis plus certaine
Que tu m’aies dit que tu m’aimais
J’ai peut-être tout inventé
J’aurais pas cru que ça s’enfuirait
Nos promenades et nos fous-rires
Je croyais pouvoir garder la clef
De la boîte de mes souvenirs
Mais quand je regarde dedans
Y’a plus qu’un petit tas de poussière
Introuvables mes sentiments
J’ai pas le retour en arrière
Je crois que je t’ai oublié
Tu n’apparais plus dans mes rêves
En fait, t’as pas dû exister
J’ai la mémoire qui se met en grève
Au fond d’une poche j’ai retrouvé
Un billet d’avion il me semble
Ça ne me dit rien, j’ai beau chercher
T’es sûr qu’on y était ensemble ?
Je pensais pas que ça serait facile
D’effacer ça, de tout rayer
Et voilà que je perds le fil
Y’a ton image qui s’est brouillée
T’avais oublié de me parler
De celle qui t’attendait le soir
À qui t’étais déjà marié
De l’autre côté du miroir.
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Carnet de voyage
Un soir, tous deux sur un nuage
Je contemplais tes paysages
Je partis à la découverte
De l’horizon fenêtre ouverte
J’ai d’abord suivi le chemin
Sillon des lignes de ta main
J’ai gravi le Pont des Soupirs
Qui me menait à ton sourire
J’en écrirais des pages
Mes carnets de voyage
Le guide de ton corps
Ma carte du trésor
J’ai caressé les champs de blé
Effleuré le bout de ton nez
De là je me suis envolé
Vers la vallée, ombre feutrée
J’ai escaladé le Mont Blanc
J’ai glissé le long de son flanc
Vers un désert aux dunes lisses
Au loin brillait une oasis
J’en écrirais des pages
Mes carnets de voyage
Le guide de ton corps
Ma carte du trésor
Y’ avait un petit crocodile
Tatoué dessous ton nombril
J’ai échappé à sa morsure
Pour m’enfoncer dans la luxure
D’une forêt impénétrable
Bordée d’une plage de sable
On dit que sous la jungle d’or
Se cache une fleur carnivore
J’en écrirais des pages
Mes carnets de voyage
Le guide de ton corps
Ma carte du trésor
Revenu de l’exploration
J’avais décidé pour de bon
De concentrer mon attention
Sur la pointe de ton menton
J’ai attiré vers mon visage
Ta gorge moite de l’orage
J’ai envoyé pour tout message
Un long baiser d’enfant sauvage
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Heure bleue
La chouette taciturne a avalé sa langue
Moi je rejoins ma turne, je chaloupe et je tangue
Trop de filles grisées, trop de vin, de fumée
Plaisanteries faciles, aucun effort de style
Ma dernière cibiche n’est pas encore éteinte
J’observe sa lueur guider mes pas absents
Dans le cri d’un oiseau le ciel change de teinte
La rue grasse me mène à mon appartement
Pour une nuit de plus
A chercher le mirage
J’ai trouvé le salut
Dans le fond de mon verre
Le rire des glaçons
Martelait sa leçon
Une cuite sévère
Ce n’est plus de mon âge
La nuit m’a poursuivie de sa lumière pâle
Jusqu’au pied de mon lit où je regarde encore
Le mégot rabougri rendre son dernier râle
J’ai même plus le courage de le jeter dehors
Je relève la tête, soudain la ville froide
Etouffe ses rumeurs dans le temps suspendu
Le silence me glace de ses échos perdus
La chorale des piafs me surprend en rafale
Pour un autre matin
A chercher le courage
D’aller au jour suivant
De retrouver la rage
Pour un soleil levant
Sur une ville noire
Je reprends mon chemin
Je me ressers à boire
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Le Bar du coin
Dans le bar de la rue Timbaud
Y’a des grenouilles et des têtards
Qui viennent noyer leur cafard
Dans un verre d’amaretto
En cherchant la fille d’un soir
Dans le Café de l’Avenue
Y’a des blondes seules au comptoir
Qui lancent des regards d’espoir
Au coin des écrivains perdus
Pattes de mouche sur carnet noir
Dans le bar du coin de la rue
Y’a des hommes et des filles crues
Le Chinon coule au fond des gorges
Tâche l’échiquier qui regorge
D’autres combinaisons tordues
Dans le bar de la rue d’en face
Y’a des icônes aux seins de glace
Attendant le chaland matteur
Qui d’un coup de billet flambeur
Les animera de chaleur
Dans le bar de la rue Keller
Y’a des garçons qui jouent les fiers
Et alignent bière sur bière
Rêvant de beautés subsidiaires
Aux louches apprêts éphémères
Dans le bar en bas de chez moi
Y’a des anciens pousseurs de bois
Qui affrontent leurs heures creuses
A coup de roque et de menteuse
Tout en sirotant le caoua
« des paroles de chansons »
Et c’est mis en musique tout ça ?
anti
Moi, j’me renseigne hein, c’est sympa tout ça en tout cas.
anti
Merci Anti, c’est trop j-anti…
Ce sont des textes parmi d’autres que j’ai écrit il y a…. pfiuuu, je préfère ne pas réfléchir. N’étant pas musicienne je ne les ai pas mis en musique moi-même. J’ai écrit le premier texte « la Gazelle » sous forme de challenge. A cette époque mon frère faisait partie d’un groupe de Raï, et leurs textes en français étaient si pauvres que je trouvais ça dommage. Alors mon frère m’a défiée de faire mieux, et le lendemain il avait un texte… qu’ils n’ont jamais utilisé 😉
Deux autres textes ont été adaptés et chantés par un ami en concert, mais jamais enregistrés.
Dans l’ensemble, je racontais à cette époque des histoires plutôt désabusées ! Et mon humeur est bien différente aujourd’hui !
Bref je ne pensais pas qu’Anna les jugerait dignes de figurer parmi les vôtres sur ce blog, c’est très gentil de las avoir mis en ligne.
Merci Anna !
C’est vrai Anti, on pourrait les chanter. Merci de nous faire profiter de tes écrits Adèle.
Gazelle
Je m’ennuyais sur cette terre
Rien de bien passionnant à faire
Longues les nuits, pauvres les jours
J’avais pris le mauvais parcours.
Alors quand je t’ai vu si belle
J’ai assailli ta citadelle
Et la vie m’a ouvert ses ailes
Depuis que t’es là ma gazelle
Depuis que t’es là ma gazelle.
Je vois la beauté du matin
Le rai de lumière sur ta main
Et ton sourire qui se dessine
Le long de tes lèvres mutines.
Moi qui craignais le nouveau jour
Je l’entends me parler d’amour
Je vois l’avenir qui m’appelle
Au fond de tes yeux de gazelle
Au fond de tes yeux de gazelle
Où que t’ailles on ne voit que toi
Tu illumines chaque endroit
T’es comme une potion magique
Une apparition féerique.
T’as mis la joie sur mon chemin
Y’a plus de place pour le chagrin
Tu allumes des étincelles
Avec ton rire de gazelle
Avec ton rire de gazelle
T’es si jolie, de haut en bas,
C’est pas possible, quand je te vois
Je peux pas croire à mon bonheur
Je voudrais te couvrir de fleurs.
Quand je te sens tout contre moi
Je ne peux cacher mon émoi
Et je suis les courbes cannelle
De ton corps souple de gazelle
De ton corps souple de gazelle
Y’a tous ces envieux partout
Qui sont après toi comme des loups
Tu te fâches quand je m’inquiète
Je devrais pas être si bête
Mais j’y peux rien, je suis jaloux
T’as pas le droit d’être aussi belle
De toi je peux accepter tout
Mais pas des cornes de gazelle
Mais pas des cornes de gazelle
Ah tiens, il manque la fin du « Bar du coin »:
Dans le Café des Latitudes
Y’a comme un goût de solitude
On y rêve dans la moiteur
Que brasse le ventilateur
En se noyant dans le planteur
Dans le resto du marocain
Y’a des odeurs de menthe fraîche
D’agneau confit et de cumin
Les hommes y grillent une sèche
Dans la nostalgie du jasmin
Dans la douceur de ma casbah
Il n’y a que moi et mon chat
Je me penche et je vous contemple
Hétaïres et marchands du Temple
Vous qui êtes partie de moi.
« Bref je ne pensais pas qu’Anna les jugerait dignes de figurer parmi les vôtres sur ce blog »
Beurk !!! Ca va pô (Y’a Glénat là ;-)) non ? Digne ! ptdrrrrr !
C’est marrant, tiens, j’y repense. Ici, sur ce blog tout jeune encore (né en février dernier), beaucoup de personnes se sont exprimées comme jamais ailleurs, en toute confiance, sereines.
Sympa la p’tite explication 😉 C’est marrant de se relire après plusieurs années… « Mon coeur et le monde bouge » chantait Léotard…
Au plaisir de te lire
anti, à l’Amour comme à la Guerre.
« Ici, sur ce blog tout jeune encore (né en février dernier), beaucoup de personnes se sont exprimées comme jamais ailleurs, en toute confiance, sereines. »
Oui, c’est notre plus belle réussite collective.
Aucun de nous n’est plus haut (ou plus bas) qu’un autre. Nous sommes entre personnes qui se respectent et partagent sans façon leurs quignons de pain comme leurs lingots d’or. A la différence de l’immense majorité des forums, il n’y a pas de place ici pour les gens qui espèrent briller (c’est à dire dominer) ou qui craignent de ne pas être « à la hauteur » – et encore moins pour les débineurs compulsifs.
Pour dire les choses simplement: on ne se prend pas la tête. C’est la base de la convivialité de ce lieu.
Tout ce qui vient du coeur est précieux.
Merci, Adele, pour ce que tu nous offres de toi 🙂
Anna, aussi simple que ça
PETITE SOURIS
Mais où tu vas quand t’es d’sortie ?
T’es pas d’ici petite souris
Tu joues, tu cries, tu pleures, tu ris,
T’as peur de manquer la vraie vie.
Regard d’un mâle et tu frémis
Tu sais même pas si t’as envie
Un peu de charme et tu le suis
Tu te retrouves dans son lit
Tu crois attraper la magie
Et tu rêves de viennoiseries
T’as que des miettes de pain rassis
Don Juan s’avère être Houdini
Tu peins tes lèvres et tes cils
Et tu comptes les calories
Pour mieux éveiller l’appétit
Des chats qui jouent à la souris
Tu crois que tu les embobines
Mais ils se lèchent les babines
Quand goûté le fruit interdit
A peine aimés déjà enfuis
T’as beau tomber t’es pas guérie
Tu panses tes espoirs meurtris
Y’en a un autre si c’est pas lui
Qui va t’emmener au paradis
Tu fais la liste et tu souris
L’un trop petit, lui pas gentil
Pas mal çui-ci, l’autre est parti
Quant au dernier, tout rikiki
Faudra t’y faire, petite souris
Le prince qui hante tes nuits
N’existe que dans les écrits
Des femmes qui l’ont rêvé… aussi
POURQUOI PAS
J’t’ai pas vu venir
Velours sourire
Tu m’as eu, t’aurais pu prévenir
J’t’attendais pas
Pas prêt pour ça
Crochet du cœur je suis hors combat
J’t’attendais pas
Qu’est-ce que je te trouve, t’as rien pour me plaire
T’es même pas de mon univers
Tes grands airs de poupée
Porcelaine pas toucher, danger
J’préfère les brunes
Clair de lune
Qui se la jouent pas
Rue de la joie
A peine endormi, tu envahis mon lit
Mais qu’est-ce que tu fous dans mes nuits
Je ne t’ai pas invitée
T’aurais quand même pu frapper
J’te vois partout
Là où t’es pas
J’suis comme un fou
Après toi
Je t’ai retrouvée
Dans un café
J’ai même pas eu besoin de parler
T’as tout compris
Tu m’as suivi
Tu t’es installée dans ma vie
T’as tout compris
Un jour quand même, faudra que tu m’expliques
Ce qu’il y a dans ta potion magique
Un soupir de jasmin
Un geste de soie dans tes reins
Puisque t’es là
T’en vas pas
T’es toute à moi
Pourquoi pas
Toute à moi…
Pourquoi pas…
« J’préfère les brunes
Clair de lune
Qui se la jouent pas
Rue de la joie »
« Un geste de soie dans tes reins… »
Bien belles expressions.
« il n’y a pas de place ici pour les gens qui espèrent briller « , ben c’est quoi ça ???
Moi, qui suis un diamant à l’état brut …mdrrr !! t’♥ Anna .
Superbes les textes, le bar du coin surtout, je vois assez façon les ogres de barback comme univers musique…
Oui, c’est exactement ce que j’imagine aussi !
Et puis, pour compléter ma pensée sur ceux qui espèrent briller ^^, je crois que les gens qui sont simplement eux-mêmes illuminent tout ce qui les entoure mieux que n’importe quel faux-semblant en toc qui confond lumière intérieure et boule à facette.
mdrrrrr
ici le smiley « bouche cousue »…
Ici, le smiley « hilare » mdrrrrrrrrrrrrrrrrrr
De l’autre côté du miroir… j’aime vraiment beaucoup…
Bon… les autres aussi, j’avoue !
Bien dans le style qui m’plait !
Merci Boudufle, merci Réginelle…
En écho au magnifique « Là, juste là » de Réginelle.
Une comptine câline…
Humeur câline, humeur coquine,
Tout doux mes doigts qui me taquinent,
Mon corps se tend, me rend féline,
Le long des mains qui me dessinent.
Tu es le trésor de mes nuits
Et ton image me réveille,
Je vois soudain tes yeux qui luisent,
Tels des pépites de soleil.
Ils me détaillent, avec douceur,
Suivent mes courbes et mes monts,
Se promènent au plus profond,
Jusqu’à faire frémir mon cœur.
Tes doigts suivent la route inscrite
Par ton regard qui me parcourt,
Jusqu’à mes contrées interdites,
Jusqu’à rendre mon souffle court.
Tout contre toi je m’abandonne,
Je roule, je tangue et je frissonne.
Tu viens en moi et je frémis,
Je vais là où tu me conduits.
Après de délicieux détours
Et dans un ultime soupir,
Tu me rejoins dans mon plaisir,
C’est si doux de te faire l’amour.
Merci !!! Et quel écho !
Je m’y retrouve et je m’y sens bien !
ça veut dire que ce sont les mots que j’aime, ceux que j’aime dire et ceux que j’aime entendre. Je n’ose dire ceux que j’aime vivre ! (je l’ai dit, je l’ai dit !)
Merci vraiment Adèle ! (je me le prends comme un cadeau, alors vous pouvez en profiter aussi, mais… tout juste !)
Parenthèse (2002)
C’était un jour comme un autre
Celui où je t’ai croisé
Ce n’était même pas ma faute
C’est toi qui m’as regardée
Le temps a cessé sa course
Lorsque tu m’as parlé
Tes mots coulaient d’une source
D’où moi aussi j’étais née
Nous avons marché ensemble
Voyant les mêmes couleurs
Aujourd’hui même il me semble
Que tu m’as tiré des pleurs
Nous avons collé nos bouches
Partagé le même verre
Tu m’as trouvée peu farouche
En attaquant le dessert
Comment cette fleur sauvage
A la croisée de nos jours
A poussé du marécage
Où je noyais mes amours ?
J’ai l’impression que ton ombre
Disparaît dans le matin
J’ai l’impression que ce songe
Ne pouvait être le mien
Tu m’as dit : « Tu m’as fait naître
C’était toi que j’attendais
J’avais fermé mes fenêtres
Ton soleil m’a réveillé »
Tu m’as dit des mots si tendres
Tu parlais d’éternité
J’ai senti mon cœur se fendre
Quand tu n’as pas rappelé
Il était si beau mon rêve
J’y suis restée accrochée
J’y avais mis tant de fièvre
Que je me suis écorchée
Tu m’as voulue maléfique
Moi qui ne suis qu’une fée
J’aimerais que tu m’expliques
A quel instant j’ai fauté
Peut-il cet instant magique
Avoir déjà disparu
En y pensant je panique
De t’avoir déjà perdu
C’était une parenthèse
Un caillou sur mon chemin
Une simple histoire de baise
Qui ne finit pas si bien
(Quand je relis ça je me dis que c’était plutôt mauvais… Mais bon, ce sont des souvenirs, aussi…)
Notre Amour ne fut-il
Qu’une tringle futile ?
(Serge Gainsbourg)
Je ne trouve pas ça mauvais du tout !
J’aime beaucoup le rythme, comme une chanson, et ta façon unique de raconter.
Je trouve ce poème très « juste ».. Tes textes, j’aimerais tellement les entendre chantés…et en attendant.. je les « vois » si facilement!
encooooooooooore!!
« Tes textes, j’aimerais tellement les entendre chantés…et en attendant.. je les « vois » si facilement!
encooooooooooore!! »
Carrément !
anti