Voici un très beau livre, un livre magique, que j’aime particulièrement : Les secrets du Jaguar – Le monde mystérieux des Mayas – Une histoire vraie – Éditions 1 de Martin Prechtel.
Résumé :
Elevé dans une réserve indienne du Nouveau-Mexique, Martin Prechtel est marqué par une série de rêves étranges et merveilleux. Dès lors, il n’a de cesse de trouver le lieu que lui décrivaient ses songes. Finalement, au coeur du Guatemala, à Santiago Atitlàn, il découvre le village maya de ses visions. Il s’y installe, accepté comme apprenti par un chaman âgé et puissant. Il épouse une femme maya, devient un des chefs du village puis, après un long parcours initiatique, un chaman réputé, dépositaire du riche héritage maya.
Durant quatorze ans, Martin Prechtel a partagé la vie de cette communauté. Il nous livre un témoignage unique, un véritable conte où se mêlent l’enchantement, la peinture de la culture foisonnante d’un peuple fascinant, et la description du monde magique et mystérieux des Mayas. Cet ouvrage est un témoignage exceptionnel sur une civilisation millénaire que la conquête hispanique n’a pu dompter, mais que le matérialisme et la violence du monde contemporain détruisent peu à peu.
A propos de l’auteur :
Guérisseur, peintre, spécialiste de la mythologie et de la vie quotidienne du peuple maya, Martin Prechtel vit aujourd’hui au Nouveau-Mexique. Il dirige des groupes de travail et donne fréquemment des conférences aux Etats-Unis et en Europe.
Sommaire parce que chaque titre de chapitre porte un univers en soi :
Bébés jaguars sur la plage de la brume
La déesse du chocolat
La Côte des Tortues
Son dos pavé d’étoiles
Par la caresse de sa main
Eaux de jade fleuries
Le village
Prêtres et chamans
Paroles de femme, paroles d’homme, paroles du ventre
Le vieux Chiviliu comme une biche
Métal blanc, métal jaune
Elaboration de l’âme du chaman
Le dieu du Vent du nord, ballots de rêves
Pluie de Peluches de lapin, pluie de Poils de chien, pluie à Un Pied
Boire au ventre de la déesse
Danse des pièges de l’esprit
Je deviens utile au Village dans le canyon
Route de l’aube, route de l’abondance
Pour changer les balles en maïs
Pour porter le Coeur du village
Et quelques extraits :
« Cette nuit-là, juste après m’être endormi, je rêvai qu’une vieille dame jaguar tachetée me tenait tendrement mais implacablement entre ses griffes et me léchait le visage de sa grande langue râpeuse. Elle cessait par moments et me murmurait des secrets à l’oreille en un sourd grondement qui n’était pas sans rappeler un orage lointain. Elle m’apportait la connaissance, m’expliquait la substance de ma destinée encore hermétique pour moi. Tremblant et heureux, je me réveillai au beau milieu d’une de ces séances de débarbouillage, sachant que la dame jaguar était ma femme-esprit, l’oratrice dont les secrets issus de la terre originelle m’ont gardé en vie jusqu’à aujourd’hui. Il s’agissait de cadeaux en provenance de l’autre monde que je recevais pour avoir libéré les prisonniers que j’avais par ailleurs bien traités, les bébés jaguars de retour vers la Terre florissante, vers les étendues sauvages, vers le pays des rêves. Il s’agissait des secrets du jaguar. »
Pour un chaman…
« …un rêve n’est pas une création du cerveau, de la psyché ou de l’âme. Il le considère comme le souvenir d’un fragment de l’expérience vécue par l’esprit naturel de la personne dans le monde jumeau, celui des rêves. Et ce monde jumeau des rêves, comme celui dans lequel nous sommes, ne cesse jamais de vivre. Il constitue en fait la moitié de la substance de notre vie. Même si les paysages de ces mondes jumeaux apparaissent très différents, ils sont comparables aux deux ailes opposées d’un papillon. Pour fonctionner, ses deux ailes doivent être reliées à son cœur. »…
Encore novices, les chamans apprenaient déjà à lire les messages des esprits dans la façon dont les bougies brûlaient, les oiseaux chantaient, les animaux traçaient leur piste, nos muscles tressaillaient, dans la chair de poule, les craquements du feu, des braises jetées dans un bol d’eau, la position d’osselets, le comportement des chiens, le passage des météorites, leurs propres prémonitions ou pressentiments. Mais avant tout, ils apprenaient à écouter et à lire les rêves. Les rêves sont une expression directe et incorruptible de la nature mystérieuse de la vie. Ils sont à l’abri de toute manipulation humaine et, pour cette raison, ils faisaient davantage confiance aux rêves qu’à leurs semblables.…
Il arrive fréquemment qu’un chaman trouve un objet inconnu qu’il a d’abord vu en rêve. »…
Un dernier extrait qui m’est cher :
« Il n’existe aucun mot, aucune expression, en tzutujil, qui permette de dire: je vais quitter ma maison. Tout ce que cette langue peut vous autoriser à faire, c’est quitter un endroit qui n’est pas votre maison, pour rentrer chez vous. […] L’action d’aller n’existe pas, elle fait partie de l’action de revenir. Quoi que vous puissiez faire, vous prenez toujours la direction de votre foyer. »
Anti, esprit du vent.
Sur le chamanisme :
Chamans, gourous : nouveaux sorciers nouveaux dangers
Lettre ouverte à Caroline Benarrosh
Les nouveaux masques des sectes
Le regard du soleil, le chant de la nuit
Présence des chamanismes
Les 4 éléments
Le kobyz et les chamanes
Ayu Lhamo
Pollock et le Chamanisme
L’origine des lunes
Le cinquième rêve
Un livre magique, à lire absolument! Je le recommande à tous ceux qui s’intéressent au chamanisme, il est une vraie plongée dans cet univers tout à fait fascinant et, de plus, remarquablement bien écrit.
Anna, en résonance
Un autre exrait :
« Je voulus faire l’effort de me lever pour ouvrir la porte et vérifier si le couloir, lui,était toujours vert, mais mon lit se mit à tanguer, et je sentis quelque chose d’humide se presser contre mon bras gauche.. Roulant sur le côté, je levai les yeux et découvris, penchée sur moi, une biche blanche comme la neige, dotée de profond yeux bleus. Les oreilles frémissantes, elle secoua sa jolie tête, se gratta sa patte de devant avec celle de derrière, bondit par dessus moi pour retomber sur le plancher rouge, et se dirigea d’une démarche élégante vers la porte. Son magnifique nez noir souffla de la buée sur la poignée de verre.
A moitié endormi, la tête encore embuée de rêves, j’allai ouvrir à la biche aux yeux bleus la porte de ma chambre rouge pompier qui était verte la veille. Dans le couloir, un cerf l’attendait, blanc lui aussi et doté de minuscules andouillers à l’aspect velouté. Ils s’éloignèrent tous les deux en courant, glissant sur le carrelage. Arrivés sur le balcon, ils s’arrêtèrent pour renifler l’air du matin, donnant l’impression de se sentir tout à fait chez eux. Une biche et un cerf blancs.
( … )
Laissant mes quatre pesos sur le capot de la Cadillac garée dans la cour, je franchis le seuil du bordel aux couleurs changeantes, tenu par un cerf et une biche blancs, deux perroquets en colère, et un nain disparu sans laisser de traces. Je venais d’entrer, pour la première fois, dans le monde magique des Mayas.
Extraits de Les secrets du Jaguar de Martin Prechtel.
Anti, biche oh ma biche…
Et ce passage que tu m’avais envoyé et que j’adore:
« Les dieux, eux, étaient occupés à se déguiser en arbres et en animaux, la forme sous laquelle nous les voyons toujours quand nous parcourons les étendues sauvages. «
C’est tellement vrai ! Tellement vrai.
Anti, il est grand temps (le) de passer dans l’envers du décor.
Au fait Valentine ? Connais-tu ce petit bijou ?